Désormais bien installés dans le paysage du rock spatio-progressif, les Belges de Quantum Fantay continuent de tracer sans complexe leur chemin avec la parution en cette année 2017 de leur septième album, "Tessellation of Euclidean Space".
Leur précédente livraison avait confirmé tout le talent du combo, le portant sans discussion aucune aux côtés de la référence du genre, Ozric Tentacles, la présence du guitariste de ces derniers à leurs côtés valant sans nul doute adoubement. C'est donc un groupe sûr de son fait qui nous propose 46 nouvelles minutes de son space-rock instrumental, porté en tout premier lieu par une section rythmique formidable. Derrière ses fûts, Gino Bartolini régale son monde, multipliant les contretemps et autres ruptures rythmiques, bien suivi en cela par son compère Jaro dont la basse tour à tour rythmique ou mélodique en est le parfait complément. Et lorsque le duo se lance dans des rythmiques reggae sautillantes à souhait ('Tessellate', 'Skytopia-Empirean'), on pourrait presque entonner dans leur sillage 'Ca balance pas mal … '.
Bien entendu, il n'est point de space-rock sans claviers cosmiques et ceux-ci sont évidemment bien présents, mais l'univers de Quantum Fantay ne se limite pas à cette seule utilisation, puisque de nombreux passages conviennent également la flûte, au point de tracer quelquefois des ambiances façon "Buddha Bar" à la Claude Challe ('Tesselate'), tandis qu'à l'opposé quelques séquences furieuses ponctuées de riffs quasi métalliques (final de 'Astral Projection') nous rappellent que le mot rock est également bien présent dans l'appellation.
L'utilisation d'instrumentations différentes qui tour à tour accaparent le devant de la scène permet au groupe de varier les ambiances et les intensités, les guitares étant les plus utilisées lorsque le ton et le volume augmentent. A ce titre, 'Astral Projection' s'avère une belle réussite. Il convient également de noter l'excellent travail effectué sur les sonorités, avec un souci permanent du détail, formidablement bien rendu par une production aux petits oignons.
Mais le clou du spectacle est fourni par 'Skytopia', morceau en quatre parties montant progressivement en puissance, avec présence de sonorités orientalisantes, de guitares stridentes poussées par des gimmick électroniques, le tout formant des couches sonores qui apparaissent, se superposent puis s'évanouissent, avant de trouver leur conclusion dans une dernière partie rythmée façon jamaïquaine, dans laquelle le saxophone apporte une touche d'originalité sans pareil.
Plus classique, 'Anahata' vient conclure ces trois-quarts d'heure finalement un peu courts, mais qui permettent d'asseoir Quantum Fantay à la table des plus grands, d'autant plus que les historiques du genre se font désormais bien discrets.