Adepte depuis ses débuts d'un rock progressif aux contours sombres et fortement typé 70's, typique de l'école scandinave, Tusmorke nous propose un cinquième album réalisé avec et pour des enfants.
Présenté sous la forme de deux mini-comédies musicales, "Bydyra" traite de sujets contemporains comme la vie en zone urbaine, la crise financière, le prix élevé des loyers d'Oslo ou encore le réchauffement climatique, le tout sur un ton que l'on devine non dénué d'humour ('Vi Er Eid' et son ton guilleret, ou certaines digressions parlées sous forme d'apartés). Le problème est que cela est intégralement chanté en norvégien et ne devrait guère toucher les consciences au-delà de son pays d'origine.
Musicalement, l'ensemble se compose de quinze courtes pièces mêlant rock typé 70's, éléments folkloriques et structures médiévales, basées sur des mélodies plutôt simples, de celles que l'on peut fredonner le soir autour d'un feu de camp. Cette impression est bien entendu renforcée par le chant monophonique des enfants qui vient la plupart du temps doubler celui de Benediktator (!), avec une délicieuse impression de fausseté qui confère une belle dose de naïveté à l'ensemble. La flûte est omniprésente, renforçant le côté camelo-tullien de l'ambiance générale. Il est toutefois dommage qu'elle se contente régulièrement de jouer stricto-sensu la même mélodie que le chant, comme si le groupe avait souhaité soutenir les voix d'enfants avec cet instrument. Et c'est d'autant plus dommage lorsque celle-ci semble mal accordée avec les voix, dégageant ainsi une désagréable impression de fausseté ('Trollmannen').
Tusmorke use bien évidemment de tous ses instruments traditionnels pour accompagner tout cela, mellotron ou glockenspiel en tête de gondole, avec également pas mal de percussions qui donnent une dynamique intéressante à quelques plages ('Trollmannen' par exemple). Néanmoins, cela passe quelque peu au second plan en raison du caractère narratif des différentes compositions, consacrant la place prépondérante des voix. Aux côtés de tous ces titres dont certains évoqueraient même un Henri Dès local ('Dyrene Bor Ute') trône un véritable ovni en la personne de 'Rottekongen', sorte de rap dont le traitement des voix quasi-insupportable contraste avec l'instrumentation psychédélique et la rythmique chaloupée qui le soutient. Ou comment mélanger attirance et répulsion au sein d'un même titre !
Au final, Tusmorke se fend d'un album à l'intérêt pédagogique certain, mais qui ne devrait guère passionner au-delà de ses frontières, voire même de ses participants. On attend franchement autre chose d'une telle formation.