Jouer une musique dansante et festive en évitant tous les clichés du genre. Voilà le pari audacieux de Diablo Swing Orchestra depuis bientôt quinze ans. Quinze ans de folie maîtrisée, de bazar organisé et d’albums déjantés, dominés par la virtuosité des musiciens et leur sens éprouvé de la composition. Et même si le groupe n’a pas été épargné par de fréquents changements de personnel, la qualité constante de leurs productions n’en a jamais été affectée et force le respect. C’est encore le cas avec ce quatrième album, "Pacifisticuffs", pour lequel le changement de line-up s’avère même une bénédiction.
Pourtant certains ne donnaient pas cher de l’avenir du combo après le départ en 2014 de Annlouice Loegdlund, partie se consacrer à sa carrière de chanteuse d’opéra. Le navire Diablo Swing Orchestra a d’ailleurs pas mal tangué puisque "Pacifisticuffs" sort cinq ans après le génial "Pandora’s Pinata". Mais les Suédois ont de la ressource et une nouvelle chanteuse : Kristin Evegard. Et quelle chanteuse ! Inutile de chercher plus loin la fille cachée de Kate Bush, Diablo Swing Orchestra l’a trouvée. Sa présence vocale, ses modulations, son lyrisme maîtrisé et ses infinies variations imprègnent les compositions et apportent à la musique de l’octuor une dimension pop inédite (‘Knuckelhugs’), flirtant parfois avec la comédie musicale (‘Climbing The Eyewall’).
Musicalement, "Pacifisticuffs" est la synthèse de tout ce qui fait la richesse et le groove addictif de Diablo Swing Orchestra, ce mélange jouissif de riffs metal et de fanfare de cuivres (‘The Age Of Vulture Culture’), de violon slave et de jazz Nouvelle Orléans (‘Karma Bonfire’), de musique de film et de disco (le génial ‘Jigsaw Hustle’). Avec en prime une incursion dans le bluegrass du bayou jusque-là inexploré (‘Porch Of Perception’). Composé de neuf titres et quatre interludes musicaux, l’album brille autant par son éclectisme et son incroyable cohérence que par l’exceptionnelle virtuosité des musiciens et la justesse des compositions.
Moins metal que les opus précédents mais plus accessible, "Pacifisticuffs" ravira par son côté débridé les fans de Diablo Swing Orchestra de la première heure et sera, pour les non-initiés, la porte d’entrée idéale sur l’univers foisonnant de ce groupe à part. Et pour tous ceux qui, à juste titre, s’inquiètent déjà à l’idée de devoir faire tourner les serviettes lors d’une prochaine fête, cet excellent album est l’antidote parfait à la musique festive racoleuse. Ne reste plus qu’à soudoyer le disc-jockey !