“Life” est le quatrième album à voir le jour dans la discographie de Jono, un groupe suédois qui n’était à l’origine que le projet solo de son créateur, Johan Norrby, dont il tient son nom. Mais les musiciens invités sur le premier album sont rapidement devenus des membres à part entière du groupe auquel ils sont désormais fidèles depuis onze ans.
Néanmoins, ce serait se mentir que de ne pas reconnaître la part prépondérante que tient celui qui délaisse de plus en plus ses claviers pour se consacrer exclusivement au chant. Car Johan Norrby marque de son empreinte vocale tous ses albums, assumant crânement ses excentricités, son goût du théâtre et du chant lyrique. Qu’on aime ou pas, force est de reconnaître au bonhomme de belles qualités mise au service d’une dramaturgie parfois cependant un peu trop appuyée. Ne faisant pas dans la demi-mesure, il évoque au détour des titres Freddie Mercury, Matthew Bellamy voire Alice Cooper en plus haut perché.
De ces références, c’est assurément au chanteur de Queen qu’il emprunte le plus, non seulement par son style vocal mais aussi par des mélodies des plus queenesques. Avec un mimétisme parfois gênant, derrière lequel on ne perçoit plus la propre identité du groupe (‘On The Other Side’ dont l’introduction ressemble un peu trop à celle de ‘Scandal’, ‘My Love’ et son solo de guitare à la Brian May). Autre influence prégnante, celle de Luca Turilli et de son Rhapsody of Fire auxquels de nombreuses mélodies marquées du sceau du metal épique font inévitablement penser (‘Sailors’, ‘The Magician’, ‘Trust’).
Du coup, l’album souffre d’une certaine lourdeur : certes le metal épique n’est pas en soi un genre délicat, ce qui convient bien aux riffs épais des guitares et coups de boutoirs qu’assène une batterie généreuse. Mais malgré toute sa démesure, Queen fait preuve d’une grande finesse et d’une grande richesse, le tout nappé d’une bonne dose d’humour. Ici, l’humour et la finesse ont déserté, ne restent la plupart du temps que la grandiloquence et la pesanteur de titres pas désagréables à écouter mais ne comptant que sur la puissance des musiciens et l’abattage du chanteur.
Pourtant Jono prouve qu’il sait faire mieux quand il le veut, comme sur ‘Downside’ auquel il insuffle une dimension hymnique, sur ‘To Be Near You’, véritable démonstration vocale aux accents parfois gothiques ou sur le seul titre apaisé de l’album, le néo-classique et conclusif ‘The March’, ressuscitant Klaus Nomi pour quelques minutes.
Après neuf titres un peu bourrins, le groupe récompense l’auditeur persévérant d’un titre en cristal. Si celui-ci prouve que Jono est capable de nuancer son propos, il arrive un peu tard et reste malheureusement un cas isolé. Souhaitons au groupe de savoir mieux doser ces divers ingrédients dans un futur opus pour dépasser le stade du "pas mal mais fatiguant sur la durée".