Z. Cette lettre strie le ciel constellé de Belgique. Chacun aura en souvenir un film de Costa-Gavras sur les régimes autoritaires mais la plupart de nos amis wallons se rapprocheront plutôt du savant fou mais sympathique Zorglub, imaginé par leur compatriote André Franquin. Ce groupe belge qui a accolé à la vingt-sixième lettre de l'alphabet le substantif band est né en 2015 grâce à la rencontre de plusieurs enfants qui avaient envie de rendre hommage à leurs influences à une époque où la musique semble bannie des ondes. Après un premier EP (dont une partie est reprise sur cet album), voilà nos Belges enregistrant leur tout premier album, pourvu d'une pochette pour le moins intrigante.
Z Band a été élevé au biberon Soundgarden, Rage Against The Machine ou System Of A Down. Mais loin de leur donner un peu de quiétude, ces influences leur ont insufflé une rage qu'ils espèrent pouvoir retransmettre entre les deux oreilles de leurs auditeurs. Il faut accrocher sa ceinture pour embarquer dans le bolide. Les guitares sont sales, elles claquent dans l'air comme mille fouets ('I Got A Mission', 'B-Town' qui prend des hauteurs vertigineuses, 'War Machine' et son introduction creepy) lorsqu'elles ne gémissent pas ('Mozarella', 'Y Y Y Y' LD' et son refrain aussi désinhibé qu'entraînant), la basse grogne, la batterie métronomique renverse tout sur son passage. Le chant grave de Matthieu Van Dyck, en accord avec ses références, est parfois remarquable : le débit de mitraillette peut passer soudain au chuchotement pour repartir de plus belle ('I Got A Mission', 'Sweet Fruit'). Les ralentissements, les arrêts sur image ou la contemplation sont des actions qui peuvent advenir mais ne restent jamais permanentes, sujettes à de nouveaux coups d'éclat.
Certains morceaux ne dépasseront guère le stade de l'anecdotique ('El Fush' en partie pour son chant un peu trop criard malgré d'intéressantes cassures de rythme, 'No Loose Behavior'), mais paradoxalement Z Band pourrait parfaitement être à l'aise pour se lancer dans l'exploration d'autres genres comme en témoignent un 'Into The Wild' très fortement teinté de blues grâce à ses guitares vociférantes ou le refrain très pop de 'Voice Fist'.
Pour finir, "No Loose Behavior" n'échappe pas au cliché du groupe de durs qui veut révéler son cœur tendre et cela aurait pu déséquilibrer le propos. Mais force est de reconnaître que le pont de 'Still Going Down' avec ses vocalises aiguës, et surtout 'Do Need Love', malgré la voix un peu chargée de son interprète, fonctionnent à merveille, avec un solo de guitare ensoleillé en fin de parcours. Z Band pourrait aisément répéter cet essai fructueux sur les prochains albums.
Premier album pour Z Band qui, s'il dispose d'un très bon capital sympathie avec un album qui ''donne la pêche'', manque encore d'indépendance vis-à-vis de ses influences. Mais c'est en stonant qu'on devient une pierre qui roule !