L'histoire de Altavilla est assez singulière et symptomatique de beaucoup de bands dans le monde. Formé en 2008, le groupe débute en sortant un projet de jazz fusion "The Cat In The Washing Machine" qui à défaut de s'être attiré les foudres de la SPA pour titre subversif (autre époque, autres mœurs), a rencontré une belle reconnaissance pour finir finaliste du concours "Suivez le Jazz" ! Au fil des changements de line up, les Français se sont cherchés puis ont élargi leur éventail de styles pour produire une musique encore plus dense entre jazz, pop folk, psychédélisme et hip-hop. Altavilla, un combo de fusion par définition !
Le groupe invite l'auditeur à un grand plongeon dans son univers barré et déjanté à l'image de la photo d'un plongeoir qui illustre la pochette de l'album, ultra minimaliste, tout le contraire de la musique. Dès le titre d'ouverture, 'Kidney', celui-ci est embarqué dans une sorte de mélodie tout droit sortie d'un parc d'attractions hanté, avec des claviers inquiétants et un chanteur atteint d'une douce folie aux lignes rappelant un peu celles habitées de John Morrison. Mais que le lecteur soit rassuré (ou pas), l'album ne s'enferme pas dans cet univers gai obscur en proposant un voyage dans les méandres labyrinthiques de nos quatre compères. "Conquest Of Gravity" tel un caméléon revêt différentes couleurs tantôt pop "Harrison Ford", parfois plus rock avec 'Cuckoo' qui manie l'humour avec un charmant accent français dans le chant en anglais. L'album navigue au gré des envies du groupe mêlant un peu de world avec la bossa nova de 'Aihe Ni Kpe We' mais aussi du funk folk, présent dans 'Mercury'
Malgré cette diversité, le quatuor parvient à maintenir une attention de tous les instants grâce à un certain talent d'écriture parfois à fleur de peau, comme peuvent en témoigner 'Whales' aux embruns folkloriques d'un violon mutin et d'un banjo joueur, et un tout aussi frissonnant 'Echoes' divinement acoustique. Allant de surprise en surprise, 'Bang Bang' s'habille de hip-hop avec des éléments à la fois electro et traditionnels au refrain en voix de tête sur un rythme funky et un sax trop court en fade out. La fusion est ici l'essence même d'Altavilla.
Pour faire une métaphore, certes facile, le groupe est une anguille, insaisissable sans être foncièrement brouillon, délivrant un patchwork musical qui pris dans sa globalité dessine un album pas facile à apprivoiser. Chaque titre est ciselé pour s'ancrer dans la mémoire de l'auditeur grâce au talent de chaque musicien, bien mis en avant dans le mix et dans l'équilibre des compositions. La voix à la fois chaude et fragile, parfois presque sur le fil de Gauthier finit de construire un ensemble avide de transmettre diverses émotions.
Eponge de ce qui se fait de mieux en terme musical entre jazz, pop, rock, world, hip-hop, Altavilla propose un album jubilatoire aux mélodies qui font mouche, offrant une belle diversité, déstabilisante au premier abord mais jouissive au fil des écoutes.