Il fallait s'en douter et ce n'est que justice : après un début de carrière discographique sans faute et des tournées intensives, dont une aux States en première partie de Sebastian Bach, Santa Cruz a attiré l'attention des plus grands. C'est ainsi que le quatuor d'Helsinki s'est retrouvé dans le Top 10 des "groupes qu'il faut absolument découvrir" du magazine Rolling Stone pour leur "flair flamboyant et débauché" ! Le revers de la médaille, c'est que les Finlandais se retrouvent avec une pression nouvelle à la veille de la sortie de leur nouvel opus en cette année 2017. Pas de quoi s'inquiéter pour autant puisqu’Archie et sa bande n'ont pas leur pareil pour marier avec efficacité professionnalisme et insouciante insolence.
Et effectivement, ce "Bad Blood Rising" ne risque pas de ralentir l'ascension du groupe vers les sommets qui lui sont promis. Continuant à associer puissance et mélodie, Santa Cruz réussit encore une fois à enrichir sa recette de nouveaux éléments. Le plus impressionnant, c'est que chaque ajout réalisé n'handicape jamais la cohérence de l'ensemble ni ne défigure l'identité que le quatuor s'est forgé depuis ses débuts. Que cela soit un 'Breathe' acoustique à la mélodie sifflée et obsédante digne de l'album "Lies" de Guns N'Roses, ou un 'Pure Fucking Adrenaline' à l'énergie flirtant entre le 'Primal Scream' de Mötley Crüe et un thrash mélodique à la Metallica, chaque titre apporte un nouveau développement bénéfique et s'intègre à un ensemble déjà riche. Si les soli véloces des deux guitares sont déjà reconnus comme une marque de fabrique, ils sont ici renforcés par le chant de plus en plus maîtrisé d'Archie qui transmet aussi bien la colère ('Back From The Dead' et ses couplets rappés, rencontre improbable entre Skid Row et Rage Against The Machine) qu'une émotion à fleur de peau ('Drag Me Out Of The Darkness', ballade mid-tempo laissant apparaître une fragilité pudique).
A cette liste de titres méritant le détour, il est nécessaire de rajouter 'Fire Through Our Veins' au phrasé rappelant les derniers Imagine Dragons, un 'Voice Of The New Generation' alliant une basse puissante à quelques éléments electro, ou un 'Bad Habits Die Hard' qui vient flirter avec des territoires habituellement fréquentés par les amis et compatriotes de Reckless Love, ajoutant des guitares saturées à un esprit festif. Au milieu d'une énergie puissante et dévastatrice, Santa Cruz a également préservé quelques plages de douceur, creusant ici un sillon entamé sur le précédent opus avec 'Can You Feel The Rain', tout en variant les approches du style. Au côté du mid-tempo 'Drag Me Out Of The Darkness' et de l'acoustique 'Breathe', 'Get Me Out Of California' emprunte le chemin d'une power-ballad US digne des Poison et autres Guns N'Roses avec un solo slashien. Plus proches des précédents albums, l'hymnique 'Young Blood Rising' ou un 'River Phoenix' variant les tempi et bénéficiant d'une nouvelle déclinaison en fin d'album ('River Phoenix, Part. 2') font office de lien sans faire baisser l'intensité de l'ensemble.
Avec une telle démonstration, Santa Cruz continue de gravir son chemin vers les sommets avec une insolente réussite et un talent éblouissant. Il est impressionnant de voir une si jeune formation être capable de se renouveler et se régénérer à chaque album tout en imposant une identité forte. La voie vers une reconnaissance planétaire semble dégagée et il y a fort à parier que les Finlandais vont continuer à la suivre tout en repoussant des limites qu'ils n'ont pas pour habitude d'accepter et de respecter.