Sur les verts pâturages grenoblois naissent des vibrations maléfiques, des ondes musicales qui font tache dans ce décor champêtre. La vache et la marmotte n'ont qu’à bien se tenir et surtout bien se cacher pour ne pas trépasser sous les coups infernaux de The Walking Dead Orchestra. Car cette formation est le guide vers un enfer pavé de bonnes intentions, de verre pilé qui entaille la plante de pieds et laisse couler le sang hémophile pourpre.
Ainsi, aux confins des territoires arpentés par des figures historiques de la mort, les sonorités criardes aux couleurs metalcore choquent sur leur passage, puis laissent l'auditeur impotent, sourd et muet devant tant de violence partagée. Le contrat est bien rempli car les musiciens proposent des ondes malsaines, entre Thy Art Is Muuder (sans toutefois leur suprême grandiloquence), Fleshgod Apocalypse (sans cette folie lyrique si particulière), Aborted, Carnifex ou encore Hour of Pennance.
Musicalement, leur nouvel opus est une série de montagnes russes, avec son lot de passages de bravoure et sa poignée d'instants plus convenus sur lesquels les amateurs se retrouveront : guitare habile et rapide comme l'éclair, métriques variées.
Une plongée dans l'horreur débute avec 'Calvaire', où toutes sortes de bruits stressants tissent une toile inquiétante et glauque, comme une plongée abyssale dans les tourments noirâtres d'esprits malsains. Puis la tempête se déchaîne, les têtes volent, les corps sont écartelés comme pour mieux illustrer la résurrection de l'Architecte, personnage central de la saga macabre contée par le groupe ('Resurrect the Scourge'). La grosse caisse marteau-pilon disperse un tapis de doubles croches et de rythmes saccadés ; la guitare assoiffée délivre une pléiade de riffs millimétrés ; la voix navigue entre cris primaires de porcs égorgés et crachats baignés de vomissures verdâtres.
Le morceau présent sur les plateformes d'écoute en ligne ('Dogme Anxiogenesis') est dans la même lignée : batterie assassine, guitare technique irréprochable, cris gutturaux éructés et crachés à la face béate de l'auditeur... les compositions semblent faire un seul et unique bloc épais, obscur, parfois difficilement soutenable.
"Ressurrect" est une leçon de violence poussée à son paroxysme ; parfois difficile pour les non-initiés, les morceaux sont aussi durs à appréhender et les mélodies difficilement lisibles. Mais ce style repose-t-il vraiment sur l'orientation mélodique ? Non, car ici seul comptent la puissance et l'énergie brute : Walking Dead Orchestra réussit le tour de force d'être aussi insoutenable qu'hypnotisant, aussi écœurant qu'attachant. L'opus au fort potentiel est maîtrisé avec élégance, mais manque peut-être d'un petit supplément d'identité. On souhaite voir la forte personnalité du groupe émerger bientôt et transparaître au travers d'une autre œuvre aussi touffue.