Il aura fallu quatre ans pour donner une suite au prometteur "Laws Of Motion" qui avait attiré l'attention de votre site préféré avec un metal progressif de haute volée agrémenté d'épopées mélodiques et heavy. La recette est ici globalement la même mais en mieux. En effet notre quatuor franco-anglais aura mis à profit cet intervalle pour peaufiner son son, aidé en cela par Simone Mularoni (DGM) au mixage.
La marque de fabrique d'Opposing Motion réside dans une technique infaillible au service de morceaux d'une certaine complexité et d'un chant mélodique plutôt chaleureux. Toujours très orientées guitare, les compositions donnent l'occasion à Joe McGurk de montrer l'étendue de sa maîtrise instrumentale sur un rythme effréné. En effet, le guitariste enchaîne les riffs techniques, les chorus déments et les solos d'une richesse explosive. Le spectre du Dream Theater des débuts n'est pas toujours éloigné : l'écoute de 'Endless Ripples' en ouverture suffira pour vous convaincre. Ce morceau présente également l'intérêt de posséder un refrain agréable. Mais cette comparaison ne suffit pas à rendre hommage au travail de composition du combo et à sa variété. En effet de nombreux passages feront penser à Symphony X.
C'est donc au fur et à mesure de l'écoute que les facettes musicales se dévoilent pour notre plus grand plaisir. Et même si le metal prog constitue l'identité d'Opposing Motion, des accents beaucoup plus heavy mélodiques se font également entendre,
notamment sur l'épique 'Machines Of War', plus simple d'accès mais
d'une profondeur mélodique des plus intéressantes. Une musique plus
désincarnée est aussi de la partie avec 'Optical Illusion'. Mais c'est finalement l'harmonie qui prend le dessus avec ‘Nothing Stays The Same’, sorte de ballade romantique qui précède le long morceau 'Across The Oceans Of Sand', scénarisé de façon épique dans un registre d'une noirceur et d'une technicité impressionnantes. Symphony X et ses longues pièces ont certainement inspiré notre quatuor qui propose des évocations orientales mais surtout qui raconte une histoire très vivante sans tomber dans la mièvrerie. Ludo Desa démontre ici une capacité d'incarnation intéressante dont il aurait peut-être dû faire preuve davantage tout au long de l'album. En effet, à part dans 'New Heaven' où il rappelle Roy S. Khan, il apparaît souvent trop volontaire dans son chant pourtant d'une justesse et d'une qualité technique sans faille. Dans ce style souvent assez chirurgical, il ne manque pas grand-chose à Opposing Motion pour donner une âme à un genre souvent froid.
Avec un son plus moderne que son prédécesseur, "Inertia" a tout pour réussir. L'album est d'une grande variété et ne peut pas laisser l'auditeur indifférent. Un supplément d'âme et une plus grande exposition donneraient à ce groupe ce petit quelque chose lui permettant de tout écraser sur son passage.