Formé en 2008, Bebly regroupe un trio de musiciens prêts à en découdre. Après trois albums incisifs et un EP acoustique prouvant que les rockeurs ont du cœur, les Yvelinois ont décidé de reprendre la route en enregistrant un nouvel EP 5 morceaux avec un titre en porte-à-faux ''Déconne''.
Encadré par l'ingénieur du son fétiche de Damien Saez, Belby et son ''Déconne'' ne nous octroieront guère l'envie de nous payer une bonne tranche de rigolade. Les trois titres en Dé ('Déconne', 'Dévalise', 'Dérouiller') déboulent à toute berzingue sans prendre la peine de planter un décor, un contexte, un inventaire. La guitare est incisive et parfois aérienne (solo faussement apaisant sur 'Déconne'), la batterie va au charbon, la basse étincelle dans sa dureté ténébreuse. En particulier, 'Dérouiller' avec sa guitare sale, sa batterie métronomique nous plonge au plus profond d'un cœur en hiver. Et puis, il y a cette voix grave parfois criarde comme à peine sortie de la puberté qui traduit les désœuvrements d'une jeunesse tourmentée et proche de l'explosion écrivant ou décrivant ses malheurs à l'encre de sang.
Connaissant l'audace de nos banlieusards, on peut à l'écoute de 'Un Fantôme' espérer quelques apaisements. Mais les paroles nous laissent indubitablement sur une impression de froideur et de malaise. L'heure n'est définitivement pas au calme et à la quiétude. Pour autant, les dépressifs n'ont pas besoin de passer leur chemin car
la lumière est toujours suggérée au-delà d'un horizon froid ('Dévalise'
qui se réclame de l'Amour) et l'énergie communicative des trois compères est une balise nous empêchant de sombrer dans une mer d'amertume.
S'il ne viendra pas bouleverser les codes du rock, Belby a fait le bon choix d'un EP homogène dominé par son énergie agressive et aux climats froids. Nul doute que ce groupe saura à nouveau en reproduire tout son mordant sur scène. "Déconne" mériterait ces passages en radio que les groupes talentueux doivent désormais quémander...