Principalement connu pour avoir succédé pendant plus de 20 ans à Jeff Porcaro derrière les fût du groupe Toto, Simon Phillips a également collaboré avec une multitude d'artistes comme Derek Sherinian, Jeff Beck, Gary Moore, Mike Oldfield, The Who et Tears For Fears sur le monumental "Seeds Of Love" en 1989. Comptant parmi les meilleurs batteurs de sa génération, Phillips se consacre exclusivement à Protocol depuis 5 ans en compagnie de Greg Howe, lui-même auteur d'une dizaine d'albums solo depuis 30 ans. Le quatrième opus qui nous intéresse aujourd'hui est sorti fin 2017.
Au menu, du jazz (beaucoup), du rock (un peu) et surtout une fusion à l'ancienne qui fleure bon le Dave Grusin ou le Lee Ritenour. Évidemment, la part belle est faite à la batterie dès 'Nimbus' ou 'Pentagle' sur lesquels le jeu léché de Phillips est mis en avant. Son solo sur le second y est même époustouflant, le brillant batteur nous gratifiant de polyrythmies et faisant étal de son immense talent, les connaisseurs apprécieront. Du côté rock de la force, 'Celtic Run' est un modèle du genre principalement piloté par le clavier de Dennis Hamm, les riffs et le solo final extravagant de Greg Howe. De fusion il est surtout question dans l'osmose qui opère à chaque instant entre les quatre musiciens.
Il est tout de même quelques titres plus homogènes où Phillips est plus en retrait, sauf à tendre finement l'oreille, laissant un Greg Howe en pleine forme et diablement inspiré nous régaler de solos dantesques comme sur 'Azorez' rappelant immanquablement le maître du genre, Larry Carlton. Également très équilibré, 'All Things Considered' avec son groove de basse imparable et un solo encore magique de Howe est purement jouissif. Alors que 'Phantom Voyage' et 'Interlude', tout en douceur, laissent le feeling des instrumentistes prendre le pas sur la technique pour des moments de finesse mélodique bienvenus.
Dans un pur esprit jazz, les compositions sont tramées d'un thème mélodique simple autour duquel les quatre musiciens sont mis en avant chacun leur tour livrant une partition impeccable. L'impression de facilité est permanente, voire de ronronnement, jusqu'à une note, un échange ou une mesure qui fait prendre conscience du niveau technique incroyable des quatre compères. Dans la droite ligne des illustres références du genre dans les eighties, Simon Phillips nous livre son album "solo" le plus abouti grâce à des compositions habiles et une interprétation hors normes. S'il ne sera pas exclusivement réservé aux purs amateurs de jazz vu le niveau exceptionnel de l'interprétation, il faudra ne pas être totalement réfractaire au genre pour apprécier pleinement ce Protocol "4". Et vivement le 5 !