Après avoir publié courant de l'année 2016 un conte horrifique, le clown et sa bande de sinistres acolytes se sont enfoncés dans la tête l'idée d'un nouveau projet : ''Avatar Country''. Que les fans se rassurent, Avatar n'est pas tombé soudainement en pamoison devant Hank Williams, icône de la musique country, mais s'est attaché à ficeler l'intrigue d'un nouvel album concept centré autour d'un roi mystérieux qui vient sauver son peuple et fonder le royaume d'Avatar. Son secret de longévité repose sur sa consommation massive de... metal!
Pour narrer ce concept du roi, le groupe ne tombe pas dans l'écueil Ayreon en utilisant une musique médiévale agrémentée de flûte mais se concentre vraiment sur la juxtaposition entre douceur et lourdeur. Sa musique est très riche et aux hurlements death metal répond parfois une sensibilité pop. Cet album ne va pas échapper à la règle. Avatar nous réjouit toujours de sa lourdeur avec une guitare vissée au plus profond des oreilles de son auditeur. A ce titre, 'The King Wants You' est un modèle du genre : un maelström sonore où les guitares-tronçonneuses semblent donner l'impression de se rapprocher de plus en plus pour nous découper. 'Legend Of The King' démarre en cinquième vitesse, guitare en avant et batterie massive, trouve un léger ralentissement avant de multiplier les cassures de rythme où les soli de guitares prennent une altitude vertigineuse. Johannes Eckerström use toujours de ses grunts caverneux mais offre en contrepartie une voix claire qui séduit instantanément par son côté un peu plus pop ('King After King'). L'enchaînement semble aller de soi ('Legend Of The King') en tout bon psychopathe qu'il est.
On sent vraiment que nos Suédois se sont amusés à enregistrer cet album. Un sketch nous laisse entendre le discours du roi rassurant ses brillants sujets sur sa constipation (certes après plusieurs écoutes, l'humour diminue comme peau de chagrin). 'Glory To Our King' qui ouvre l'album semble parodier un hymne national et a pour mérite de planter le décor. Mais toujours c'est cet esprit inclassable qui fascine. 'The King Welcome You To Avatar Country' ressemble à une étrange alchimie entre blues et metal, avec à la clé un refrain imparable et un solo de guitare complètement psychotique. Le début de ´A Statue Of The King' pourrait passer pour un morceau inédit de The Ramones avec sa verve punk avant de retrouver les grunts et les loopings de guitare familiers. Alors que l'auditeur pensait accomplir un excellent voyage entre System of A Down, Tool et les Monty Pythons, les Suédois assènent un incroyable morceau atmosphérique découpé en deux parties, un cristal hivernal sur sa première partie et un retour aux forces telluriques sur la seconde. Faut-il s'attendre à une incursion dans le metal progressif ? L'avenir nous le dira.
Suivant scrupuleusement un canevas, le groupe nous enchante par ces paysages tantôt riants tantôt sinistres. L'interprétation du chanteur est toujours aussi maîtrisée, capable de passer d’un chant clair presque gémissant à des grunts venus de l'Enfer. S'il y a bien un roi, c'est l'auditeur qui se voit offrir en cadeau de Noël un objet aussi glorieux de la part d'un groupe qui n'en finit pas d'afficher son originalité.