L’âge aidant, Elton John n’en finit pas de revenir aux sources. Après un revival 70’s réussi ("The Captain & The Kid") suivi d’un album roots fait de musique country, blues et de vieux rocks en collaboration avec Leon Russell ("The Union"), le voilà qui nous rappelle (pour ceux qui auraient la mémoire qui flanche) que son instrument de prédilection est le piano. Car si vous aimez le piano, "The Diving Board" devrait vous combler.
C’est incontestablement l’instrument roi de cet album, qu’il se la joue solo sur les trois interludes baptisés ‘Dream 1, 2 et 3’, en accompagnateur solitaire du chant ou presque sur ‘Oceans Away’, ‘My Quicksand’ (discret balayage jazzy à la batterie) et ‘Home Again’ (tout aussi discret chorus de cuivres), et même lorsqu’il accepte de partager l’espace avec d’autres instruments ou choristes. Car si la liste des intervenants semble une fois de plus pléthorique, la production a décidé de mixer les parties de piano très en avant, renvoyant à un vague murmure en fond sonore musiciens et chanteurs. Un parti-pris parfois gênant sur certains titres (‘The Ballad of Blind Tom’, ‘Voyeur’) où le rendu ressemble plus à une erreur de mixage qu’à une volonté délibérée de privilégier le piano.
Le ton de l’album est mélancolico-romantique, privilégiant les ballades douces aux rocks endiablés. ‘Oceans Away’, ‘My Quicksand’, ‘Home Again’, ‘The New Fever Waltz’, sans parler des trois ‘Dream’, sont autant de moments de grâce qui rappellent un ‘Skyline Pigeon’, l’émotion en moins toutefois. Côté titres plus dynamiques, on retrouve les inévitables airs gospel (‘A Town Called Jubilee’), country (‘Can't Stay Alone Tonight’) ou rock 60’s (‘Mexican Vacation (Kids in the Candlelight)’) dont Elton John a toujours aimé émailler ses disques. Malheureusement, tous ont le dynamisme un peu mou et, loin de relancer l’intérêt de l’auditeur, s’avèrent assez insipides, rappelant les heures sombres des compositions médiocres de "A Single Man".
L’album se termine sur le titre éponyme, s’avérant un choix curieux, le morceau doté d’un accompagnement très blues-jazz évoquant plus Ray Charles chantant ‘Georgia on My Mind’ qu’Elton John. Une belle chanson mais en total décalage avec le reste du disque. Malgré quelques mélodies très réussies et un bel accompagnement au piano, "The Diving Board" manque de relief et de dynamisme pour pleinement séduire.