Quarante ans de carrière ça se fête
et Magnum, pour cette mémorable occasion, nous offre son vingtième
album en cette année 2018 qui éclot à peine. 1978 et "Kingdom Of
Madness" sont si loin et semblent pourtant si proches tant les Anglais
ont accompagné depuis lors nos existences en nous rendant visite
avec une régularité qui force le respect, celui d'une fidélité
sans faille. "Lost On The Road To Eternity" est une nouvelle pierre
blanche sur le chemin tracé par ces géants du rock, une nouvelle
preuve de la constance qu'ils affichent dans leur quête d'éternité.
Bob Catley et Tony Clarkin, les deux
compères fondateurs du combo, sont bien entendu toujours à la
manœuvre avec Al Barrow à la quatre cordes, mais ils ont égaré en
route deux de leurs fidèles comparses. En effet, Mark Stanway a
confié ses claviers à Rick Benton et
Harry James - très occupé avec ses deux autres combos Thunder et
Snakecharmer - a légué ses baguettes à Lee Morris (ex-Paradise
Lost). L'histoire d'amour avec Rodney Matthews le génial graphiste
est quant à elle toujours d'actualité, preuve en est la magnifique
pochette qui illustre cet album et qui, une fois de plus, dépeint
avec justesse les particulières atmosphères dont les Anglais
imprègnent leurs compositions.
"Lost On The Road To Eternity" n'entame
pas cet opus de la manière la plus étincelante qui soit. La
rythmique à la ZZ Top de 'Peaches And Cream', la relative simplicité de la mélodie
répétitive de son refrain et le son daté des claviers rendent pour le
moins étonnant le choix d'ouvrir l’œuvre de manière aussi peu
chatoyante. Mais soyez rassurés, la suite est un sans-faute, ou
presque. L'auditeur retrouve la magie des Anglais dès le titre
suivant, un 'Show Me Your Hands' aux claviers qui gambadent (mis à
part les quelques secondes dignes de Space Art), à la mélodie
porteuse et où le travail de Morris, plus complexe dans son approche
que celui de son prédécesseur, fait merveille. 'Storm Baby' mérite
lui aussi ses quatre étoiles et, dans le registre mêlé
ballade/mid-tempo que maîtrise si bien le combo, nous ramène à
l'époque bénie de "The Eleventh Hour".
'Welcome To The Cosmic Cabaret' et ses
mélodies à profusion nous la joue lui aussi "retour aux
sources". Sur ce morceau, la complicité de Clarkin et de son
nouveau camarade de jeu aux claviers est bluffante, à croire qu'ils
mêlent leurs talents depuis des années. Le titre de l'album cueille
ensuite d'emblée l'auditeur, capté par la magie d'un piano
magnifique, il prend de plein fouet l'attaque bouleversante qui lui
succède et hoquette de surprise en entendant soudain s'élever la
voix de Tobias Sammet (Edguy, Avantasia), invité à partager cet
exceptionnel pamphlet musical.
Puis survient le single de l'album, un 'Without Love' plutôt FM et donc taillé pour les radios si les
programmeurs actuels n'étaient plus robotisés. 'Tell Me What You've Got To
Say' est, à sa suite, parfaite dans son genre. Elle caresse en
mid-tempo puis bouscule et virevolte sur son refrain accrocheur en
diable. Voilà une composition digne des doigts d'une fée. 'Ya Wanna Be
Someone' a, dans son prolongement, le défaut du premier titre, un
couplet qui donne envie et un refrain qui se répète avec ennui à foison.
Quant aux élans gospel plutôt malencontreux, ils risquent d'en surprendre plus d'un.
Heureusement 'Forbiden Masquerade' et 'Glory To Ashes', qu'on croirait
issus une fois de plus d'un "The Eleventh Hour" qui en aurait été
amputé, font remonter en flèche le curseur "bonheur musical".
Celui-ci reste bloqué en position haute avec le final vraiment
convainquant que nous offre 'King Of The World' et sa conclusion qu'on
sent venir à plein nez mais qui laisse sur nos visages, une fois le
silence venu, un sourire béat de satisfaction.
Magnum est venu, Magnum a vu et Magnum
a encore vaincu. "Lost On The Road To Eternity" est un nouvel opus
réussi des Anglais. La route de l'éternité donc... on en viendrait
presque à espérer qu'ils soient immortels.