Il fallait s’y attendre ! Phil Campbell avait l’habitude d'enregistrer à la chaine les albums lorsqu’il jouait au sein de Motörhead. Il n’y a donc pas de raison pour qu’il ne fasse pas la même chose avec le groupe qu’il a monté avec ses fils et le chanteur Neil Starr : Phil Campbell And The Bastard Sons. Certes, "The Age Of Absurdity" est le premier véritable opus de cette entreprise familiale, mais il succède à un premier EP éponyme datant de 2016 et à un autre EP, live cette fois ("Live At Solothurn" – 2017). Signé chez Nuclear Blast, le quintet dégaine donc sa première œuvre longue durée avec toute l’assurance à laquelle l’expérience du maître des lieux l’autorise.
Comme en 2016, les Britanniques assument sans complexe leur filiation avec l’ancienne formation légendaire de Phil mais sans jamais tomber dans la parodie. Et si ‘Ringleader’ lance les hostilités sur un riff digne de ‘Overkill’, Phil Campbell And The Bastard Sons reste capable de varier les tempi et les ambiances tout en gardant un fil conducteur mêlant hard-rock, heavy, punk et blues. D’un côté, les soli de Phil Campbell restent reconnaissables entre mille, mais de l’autre la voix de Neil Starr est tellement différente de celle de Lemmy qu’elle offre une respiration supplémentaire au milieu des comparaisons qui ne peuvent que revenir avec le célèbre bombardier. Ainsi, si ‘Gypsy Kiss’ ou ‘Ping The Needle’ évoquent forcément les brûlots les plus cinglants de Motörhead à grands coups de riffs punkisants, ‘Welcome To Hell’ ou ‘Step Into The Fire’ inclinent plus vers Danko Jones. Le groove si particulier des Canadiens transpire sans qu’une fois encore il soit possible de parler de plagiat.
Et puis il y a ces titres plus originaux que peuvent être le single ‘Dark Days’ ou un ‘Into The Dark’ qui fait office de conclusion sur plus de 6 minutes. Porté par l’harmonica rutilant et le chant parfaitement maîtrisé de Neil Starr, le premier développe un gros blues gorgé de feeling. Quant au second, il offre un mid-tempo mélodique et mélancolique au riff bluesy et entêtant. Plus lourd, ‘Skin And Bones’ entre dans un heavy sombre que ‘High Rule’ creusera encore plus profondément avec une rythmique graisseuse et pachydermique. Enfin, ‘Get On Your Knees’ retiendra également l’attention avec son hard-rock méchant et cinglant comme un coup de fouet punitif.
Sans révolutionner la recette offerte en 2016 avec leur premier EP, Phil Campbell And The Bastard Sons transforment aisément l’essai réalisé à cette occasion. Le Gallois et sa progéniture réussissent à affirmer une personnalité forte qui assume un héritage trop lourd pour être ignoré, tout en s’aventurant sur quelques voies parallèles qui laissent sa cohérence à l’ensemble. Il est difficile de dire si le quintet sera capable de se maintenir à ce niveau tout en gardant un rythme de parution aussi intensif. En attendant, tout amateur de hard-rock sans fioriture ni barrière se doit de se pencher sur un opus sans concession et à l’énergie tempétueuse.