Difficile d’être le chanteur de deux groupes en même temps. Le recrutement de Tommy Karevik par Kamelot a mis la discographie de Seventh Wonder en jachère pendant huit ans. Mais le groupe a tenu bon quand même et a fait preuve d’une patience extrême. D’autant plus que ce cinquième album de Seventh Wonder, "Tiara", sort plus d’un an après avoir été annoncé, histoire de ne pas marcher sur les plates-bandes de "The Shadow Theory" de Kamelot paru en avril.
Difficile d’oublier "Mercy Falls" qui en 2008 avait mis tout le monde d’accord sur le talent de la septième merveille suédoise. Il reste encore aujourd’hui la pièce maîtresse du combo, même si "The Great Escape" paru deux ans plus tard tenait la route, dans une moindre mesure. Mais en huit ans, le style metal progressif a beaucoup évolué, développant de nouvelles sonorités plus sombres, de nouvelles productions plus cliniques, de nouvelles rythmiques plus complexes.
Difficile dans ces conditions de ne pas soupirer à l’écoute de ce nouvel album de Seventh Wonder, tant le temps semble s’être arrêté pour les Suédois le jour où Dream Theater a décidé de durcir le ton. Avec "Tiara", l’auditeur risque fort de faire un bond de vingt ans en arrière, à l’époque où le metal progressif plaisait encore aux amateurs de metal mélodique. Toutes les balises du concept album à l’ancienne sont là : une intro symphonique (‘Arrival’), des compositions metal prog terriblement old school (‘The Everones’, ‘Dream Machines’, ‘Damnation Below’), des morceaux épiques (‘Victorious’, ‘Tiara’s Song), des ballades mélodiques (‘Goodnight’, ‘Beyond Today’). Le tout plombé par une production centrée sur les claviers omniprésents, au détriment des guitares souvent mixées en retrait et surtout par un mastering qui a complètement oublié la basse du talentueux Andreas Blomqvist.
Difficile cependant de passer sous silence le talent des musiciens qui nous offrent de très bons moments de virtuosité, notamment de beaux enchaînements entre les solos de claviers et de guitares (‘By The Light Of The Funeral Pyres’, ‘Exhale’). Difficile a fortiori de ne pas insister sur le talent de chanteur de Tommy Karevik dont le chant clair et généreux est toujours aussi expressif, même si par moments la théâtralité de certains morceaux l’entraîne dangereusement vers les pentes savonneuses de la comédie musicale (‘The Truth’, ‘Procession’).
Difficile donc d’apprécier ce nouvel album de Seventh Wonder, même si le travail conceptuel du groupe est indéniable. Ce retour dans le passé du metal mélodique progressif est totalement suranné et n’apporte rien au genre, si ce n’est de l’eau au moulin des grincheux qui prédisent sa mort depuis des années. Ni réussi ni raté, "Tiara" est un album qui, à peine né, est déjà vieux.