Le groupe porte en tout cas bien son nom, car l’écoute des 5 titres instrumentaux est une expérience cosmique aux multiples ambiances et sonorités qui vous transporteront dans une autre galaxie au cours d’un voyage expérimental de près d’une demi-heure. Pas sûr cependant qu’il y ait assez de places à bord de la navette spatiale Chabifonk pour que tout le monde puisse faire partie de l’équipage…

L’essence même de la musique proposée en est en partie responsable. Il y figure tellement d’influences que l’auditeur se retrouve rapidement pris au cœur d’un tourbillon electro-prog-trance-krautrock-psychédélique qui finit parfois par le perdre et le laisser seul et impuissant assister au décollage de la navette Chabifonk depuis la station spatiale. Le morceau ‘Droïd’ en est un parfait exemple avec son début réussi mêlant judicieusement légèreté et entrain sur fonds de bruitages où la guitare au son clair et à la mélodie inspirée semble planer dans les cieux, avant de s’enliser progressivement en fin de titre dans des longueurs où hurle de douleur une guitare saturée aux sonorités presque désagréables.

Pourtant, certains passages proposent tout de même un contenu intéressant, à l’image du début convaincant du titre ‘Motri6té’ aux accents de synthé chers à Dream Theater et à Porcupine Tree à son époque metal prog, ou du morceau ‘Fly’N’Furious’ cohérent tout au long de ses cinq minutes, où l’on se laisse volontiers guider à travers les ambiances tantôt psychédéliques, tantôt plus entraînantes, toujours de bon goût. Le très groovy ‘Delicate Sex Machine’ offre aussi quelques lignes de basse bien trouvées qui raviront les amateurs de soul et de funk.

Vous l’aurez compris, l’accent est donc mis sur les expérimentations musicales et les croisements de styles, au détriment du chant totalement absent des compositions, si l’on exclut les quelques passages de voix off parlées qui agrémentent occasionnellement les titres. Si ce choix-là séduira peut-être les puristes de ce genre d’ambiances, il risque en revanche de noyer l’auditeur en quête de chant dans les méandres de l’ennui.  Le pari de proposer un contenu 100% instrumental est donc risqué, il reste maintenant à savoir s’il s’avèrera payant.