Dans les contrées reculées et les mémoires des amateurs de metal français, sieur Didier Chesneau a une place à part. Non content d'être l’un des meilleurs guitaristes français, il est aussi le leader d'un groupe emblématique, Headline. Quel fut donc notre bonheur d’apprendre son retour sur le devant de la scène, accompagné d'une chanteuse puissante, sorte de Magali Luyten bien de chez nous. Tout était dès lors mis en œuvre pour offrir une jouissance pré-hivernale qui comblerait les adorateurs suffoqués : un rejeton qui met en lumière Constance Amelane, avec également des figures connues (Christophe Babin à la basse, John Macaluso de ARK derrière les fûts) pour assurer (rassurer ?) l'amateur de metal.
Les six chansons de l’album attirent l'oreille par la qualité de la production, car un soin tout particulier a été apporté à la construction d'un écrin de velours sur lequel la voix veloutée pourrait se reposer, se déployer et s'exprimer à loisir et la guitare développer un discours technique précis. La voix chaleureuse est d'une tessiture alto, elle use souvent de sonorités graves pour faire vibrer les poils des bras ; pleine de puissance, elle est aussi rauque que rock, elle envoie du lourd dans le micro et le fait chauffer à blanc !
L'opus débute avec 'The Eye' sur lequel la guitare crunch entonne un rythme dansant alors que les riffs et la batterie se mettent en place, puis Constance pose sa voix vivace. On a d'ores et déjà envie de chanter avec elle, car la composition est entêtante. Certains jugeront peut-être cette première piste un peu simple, un peu directe, regrettant la grandiloquence des évolutions passées, mais peu importe car la musique fait vibrer la corde sensible de tout un chacun... C'est alors que la guitare solitaire balance des phrases ultra-rapides et un sweeping d'une netteté propre à décourager le guitariste débutant. Puis 'Attraction Theory', tout en finesse et en puissance, débute par la voix dépouillée, presque nue. Cette composition propose à nouveau un refrain chantant sur lequel les circonvolutions vocales sont nombreuses et où la guitare tricote comme une damnée alors que la basse emplit tout l'espace.
En guise de surprise, l'EP dévoile une reprise de Mike Oldfield, 'To France'. Est-ce un hommage à un pays meurtri, une déclaration d'amour ou bien un moyen de réécrire un classique qui parlera au plus grand nombre... ou simplement une manière de se faire plaisir ? Toutefois la reprise se démarque de l'originale, le groupe y imprimant sa forte personnalité, laissant la liberté à Constance d'évoluer à sa guise sur une mélodie gracile et intemporelle.
Certains reprocheront à l'opus sa linéarité, d'autres affirmeront qu'il ne révolutionne pas le genre. Mais peu importe, car cette mise en bouche a pour seule vocation de proposer une musique sincère et un travail de production précis et aéré. Que les obscurs détracteurs retournent à leur cloaque et leur obscurité, que les rageurs ravalent leurs sarcasmes, que les mauvais coucheurs aillent poser un cierge à l’église pour que leur cœur soit inondé d'humilité, que leurs yeux s’ouvrent à la beauté pour reconnaître le travail formidable derrière cet opus et le merveilleux du chant féminin.
Car la rondelle est finalement bourrée de qualités : riffs assassins, mise en place au cordeau, son titanesque, interventions solitaires lumineuses, chant conçu comme pièce maîtresse de l'édifice, et n'a qu'un but, celui de faire découvrir, magnifier et aduler la voix de Constance Amelane.