Je ne sais pas si Peter Gabriel possède sa statue de cire chez Mme Tussaud (l'équivalent anglais de notre musée Grévin), mais toujours est-il qu'après son sosie officiel (Denis Gagné de The Musical Box), son clone "Iznogoud – celui qui aimerait bien être mais qui ne l'est pas" (Simone Rossetti de The Watch), voilà qu'After Genesis nous propose un double tout de bois vêtu, garni de quatre cordes et caressé par des crins de cheval.
C'est en effet à une contrebasse que revient la lourde tâche de reproduire les mélodies naguères chantées par l'archange, accompagnée par un piano assurant les parties instrumentales, et reproduisant de façon plus ou moins fidèle la partition de clavier de Tony Banks.
On l'aura compris à la lecture du titre, cet album est centré sur trois des albums les plus fameux de la Genèse. "The Lamb Lies Down on Broadway" représente les 3/4 de l'album (les 14 premiers titres), "Nursery Crime" suit avec 5 titres tandis que "Selling England by the Pound" est représenté par le mythique "Firth of Fifth".
Techniquement irréprochables, nos deux musiciens, tentent de reproduire une musique plutôt complexe et, tout en restant la plupart du temps fidèles aux parties originales de clavier (qui soit dit en passant révèlent une nouvelle fois toute leur richesse) ou aux mélodies, ajoutent par ci par là quelles enluminures pianistiques ou passages à l'interprétation plus jazzy (partie centrale de "Firth of Fith"). En revanche, on regrettera les interventions de voix trafiquées limite gothique-métal totalement dénuées d'intérêt et qui viennent couper les enchaînements des morceaux (la lecture du résumé sur le site de l'éditeur de l'album est plutôt édifiante sur ce sujet).
Tout cela mis bout à bout, ajouté à une sélection de morceaux irréprochables, devrait conduire à un enchantement permanent. Et pourtant, la mayonnaise ne prend pas. Là où "Genesis For 2 Grand Pianos" s'en sortait avec les honneurs, "After Genesis" ne parvient pas à captiver son auditeur, la raison principale étant, à mon sens, le choix de la contrebasse pour assurer la reproduction des parties chantées. Celle-ci se retrouve le plus souvent à jouer dans les aigus, et présente alors un son forcé, et de toute manière régulièrement submergé par la flamboyance du piano qui l'accompagne.
De même, vouloir reproduire une musique aussi riche avec aussi peu de "moyens" implique rapidement une uniformité des sonorités et lasse les oreilles de l'auditoire, d'autant plus quand celui-ci maîtrise les morceaux originaux sur le bout de l'étrier (qui est rappelons-le l'os qui commande l'oreille interne).
Bref, tout au long des 73 (longues) minutes que représente cet album, on n'aura de cesse d'avoir envie de se précipiter sur les albums originaux afin de se replonger une nouvelle fois dans cet univers merveilleux. Mais peut-être était-ce le but caché d'After Genesis ?