Voici maintenant près de 30 ans que Patrick Kiefer et Alex Rukavina oeuvrent ensemble au sein d’un des rares groupes de rock progressif du Luxembourg, défendant un style qui persiste à se faire appeler néo depuis plus de 3 décennies !
Au-delà du qualificatif qui continue à hérisser le poil des puristes et faire fuir les adeptes d’un rock progressif où tout ne serait que complexité, le duo désormais réuni sous la bannière de The No Name Experience continue de tracer sa route en nous proposant un rock progressif basé d’abord et avant tout sur des mélodies travaillées et aux développements conséquents, accompagnées d’arrangements foisonnants au sein desquels les claviers se taillent la part du lion, le talent d’Alex Rukavina y étant particulièrement mis en valeur. Et ce "Wonderland" ne va une nouvelle fois pas déroger à la tradition.
Pourtant, l’arrivée au sein du groupe de Claudio Cordero, guitariste de Cast, va venir rééquilibrer l’univers sonore du groupe, avec notamment quelques riffs bien balancés, voire même quelques mesures à consonances métalliques (‘Eye of a Storm’), sachant que côté technique, le garçon est irréprochable (écoutez par exemple l’excellent ‘Wonderland’ pour vous en convaincre !). De même, les interventions de saxophone apportent régulièrement une tonalité chaleureuse bienvenue.
Alors bien entendu, TNNE fait du néo-prog, et ne s’en cache absolument pas. Mais un titre comme ‘My Childish Mind’ peut vraiment faire figure de cas d’école, véritable abécédaire des bonnes pratiques du genre, avec notamment une introduction instrumentale de trois minutes totalement maîtrisée et enthousiasmante. Et pour emmener quand bien même l’auditeur familier de la discographie du groupe vers de nouveaux horizons, nos Luxembourgeois nous proposent de nouvelles couleurs, mettant en opposition un violon (hélas samplé), des claviers cosmiques avec une guitare agressive en diable pour un ‘Final Fantasy’ de toute beauté, la voix de Patrick Kiefer venant une nouvelle fois sublimer l’ensemble.
On pourrait bien entendu prendre chaque plage l’une après l’autre pour en vanter les mérites, et notamment l’introduction médiévale de ‘Frozen in Time’, mais nous laisserons ce petit plaisir de découverte à l’auditeur qui prendra le temps de plusieurs écoutes pour totalement s’imprégner de ce magnifique album. Nous soulignerons cependant l’émouvante dernière plage, proposée en guise de bonus et effectivement légèrement décalée par rapport à l’ensemble, mais chantée pour la première fois en français !
Amateurs de néo-prog, nous ne pourrons que vous conseiller de vous précipiter sur cet album d’un groupe qui aurait sans conteste une renommée plus importante s’il évoluait au pays du Brexit plutôt qu’au Luxembourg. Quant aux allergiques au style, ne passez pas votre chemin, ouvrez grand vos oreilles et régalez-vous !