Il y a une demi-douzaine d’années, tout semblait bien parti pour les Nordistes d’AmartiA. Après le succès critique justifié de l’excellent "Delicately", la formation de Vincent Vercaigne donnait l’impression d’être sur les rails devant la mener à une reconnaissance à la hauteur de son talent. Avec son côté un peu fourre-tout, "In A Quiet Place…" ressemblait à une pause acoustique destinée à faire patienter les fans. Malheureusement, la suite espérée n’arrivait pas et les départs ont commencé à s’enchaîner, obligeant le leader et son fidèle claviériste Cyril Carrette à remplacer leur section rythmique et surtout leur charismatique chanteuse allemande, Britta Harzog. Ce qui a failli être une séparation ne s’est finalement révélé être qu’une pause dont le terme prend la forme d’un nouvel opus présentant les nouveaux membres du groupe dont la chanteuse Amandine Duwooz.
L’arrivée de la nouvelle vocaliste est tout sauf anecdotique. Non que sa voix soit profondément différente de celle de la chanteuse qui l’a précédée, même si on pense parfois à Sharon Den Adel (Within Temptation) ou à Lisa Fury (ex Karnataka, Reckless Heart), mais parce qu’elle s’est beaucoup impliquée dans l’écriture des textes et qu'elle semble avoir déjà trouvé sa place au sein du quintet. Sa voix cristalline apporte d’ailleurs une nouvelle couleur aux compositions d’AmartiA, créant une ambiance souvent proche du clair-obscur en contrastant avec quelques riffs puissants et métalliques. Le contraste est d’ailleurs un élément sur lequel cet opus joue régulièrement, alternant les titres épiques de plus de huit minutes (‘The Beast Within’, ‘Sudden Death’) avec les suites composées de plusieurs parties (‘Temper’ et ‘Bide Your Time’).
Contrastes au sein même de la plupart des titres, appuyant ainsi sur la face progressive de l’identité du combo. Le titre éponyme en est un superbe exemple en intégrant quelques passages rock et mélodiques avec parfois des intonations celtes avant de lancer une seconde partie instrumentale puissante et sombre. Glissée entre les deux suites, ‘Fortunée’ fait office de ballade délicate et mélancolique à la beauté pudique et dotée d’un solo sur lequel Vincent Vercaigne fait parler tout son feeling, se plaçant ainsi aux côtés d’un Andrew Latimer (Camel) ou d’un Nick Barrett (Pendragon). Dans le même esprit, son solo final sur toute la seconde partie de ‘Sudden Death’ renforce la délicatesse de ce titre traitant du dernier voyage et du départ vers l’inconnu. A noter également les belles performances des autres membres du groupe, en particulier Cyril Carrette qui dégaine un superbe solo sur ‘Hiatus’, troisième partie de la suite ‘Temper’.
Sans se dénaturer, AmartiA a su mettre à profit la pause imposée par ses changements de line-up, ces derniers ayant également été l’occasion d’un apport de nouveaux éléments. Naviguant avec aisance dans des eaux à la fois progressives et atmosphériques, n’hésitant pas à mélanger des éléments metal, rock et folk, la formation nordiste affirme une belle identité qu’elle semble capable de continuer à faire évoluer. Avec une production plus ample et quelques accroches supplémentaires au sein de ses compositions, il y a fort à parier qu’AmartiA va enfin pouvoir se glisser au milieu des formations leaders du genre. Ce ne serait que justice.