Le quintet grec Playgrounded a quitté son pays secoué par la crise financière pour s’installer aux Pays-Bas, au cœur de l’Europe. Là, il a métissé ses influences musicales, progressif, electro, dubstep, atmosphérique... pour accoucher d’un style bien personnel et nous offrir un second album, "In Time With Gravity".
Entre ses deux LP, le groupe a côtoyé Riverside et Anathema (ce sont d’ailleurs deux collaborateurs d’Anathema qui assurent le mastering et la production) et a décidé d’aborder le heavy sous un angle electro plus radical. Le résultat est original, possédant une griffe très particulière, dans une atmosphère très sombre - il n’y a pas d’éclaircie dans le monde de Playgrounded : la basse louvoie, imposant un fond goudronneux où les petits effets electro ricochent, encadrés par des beat drums oppressants (‘Amsterdam’). De petits motifs de clavier dessinent des points stressants (‘Mute’). La musique utilise des montées atmosphériques (‘The Stranger Killing’) qui rappelleront forcément Anathema, et évite les soli instrumentaux qui pourraient apporter une lueur salvatrice.
Les titres, immersifs, sont conduits sur une certaine forme de répétition / densification / trance (‘The Stranger Verdict’), et curieusement il se crée une certaine fascination à se laisser entraîner dans ces contrées mortifères.
C’est la qualité du travail sur les sons qui impose une patte. Difficile de résister à ces ambiances rampantes, lentes et visqueuses, désespérées mais fascinantes. Il y a dans cet album une homogénéité qui fait sa force et sa faiblesse. Il reste une petite réserve sur le chant qui ne possède pas le charisme de ses modèles Anathema et Riverside, mais qui participe par son côté neutre à l’hypnose ressentie à l’écoute de "In Time With Gravity".
Amateurs d’ambiances sombres, précipitez-vous sur cet opus. Pour les autres, l’album vaut le détour, les groupes qui arrivent à digérer leurs influences pour proposer un style original ne sont pas si nombreux. Bien joué !