Ulrick Lönnqvist était un vocaliste suédois qui s’ennuyait un brin. Il avait bien poussé la chansonnette dans l’album éponyme de Sahara sorti en 2001 et œuvré, entre autres, avec les guitaristes Morgan Le Fay (Swedish Erotica) et Michael Palace (Palace) depuis lors, mais fatalement, il s’ennuyait un tantinet. C’est alors qu’il croisa la route d’un collègue de hard rock qui lui ne s’ennuyait pas du tout, en l’occurrence le batteur/chanteur/pianiste/producteur Daniel Flores (The Murder Of My Sweet, Find Me). Ce dernier lui conseilla de se lancer dans la composition et de monter un groupe.
L’ami Ulrick ne se fit pas prier pour se lancer dans l’aventure. Il embarqua avec lui Morgan et Michael, les talents précités, confia une des guitares au premier, la basse au second et, puisqu’il n’est pas un ingrat, les fûts à Daniel. Lorsqu’il fût temps de baptiser le projet, c’est Code Red qui fût choisi et "Incendiary" pour le titre de ce premier opus.
Les protagonistes de ce nouveau combo n’ayant guère habitué jusque-là leur auditoire à des sons d’outre-tombe, nous ne sommes donc pas surpris ici de constater que les vieux pots continuent à mitonner de bonnes soupes. Ne voyez là aucun sens péjoratif à l’utilisation du terme "soupe". Nous ne sommes pas en effet, avec cet "Incendiary", en présence d’une bouillie infâme et indigeste. Code Red navigue certes dans des eaux peuplées de mélodies easy listening, mais ne tombe pas dans les fosses abyssales de l’AOR niaiseux. Le soin apporté aux mélodies est donc de mise, c’est un euphémisme, mais une certaine énergie guide les propos, avec une constance notable sur les dix titres qu’affiche le compteur.
Ainsi, l’écoute du produit est pour le moins agréable et c’est avec plaisir qu’on se laisse embarquer par une succession de titres enlevés évoquant ce que Brother Firetribe nous propose quand ce combo est en verve, et occasionnellement Dare sur certains passages. A titre d’exemple, citons dans ce registre de morceaux musculairement mélodieux 'I Won't Be Your Hero', 'Heat Of The Night', 'My Hollywood Ending' et 'Forever And A Day', qui font allègrement péter l’audimat. A contrario, et de par leur nombre, les trois ballades au programme calment quant à elles toutefois un peu trop l’ambiance, même si 'Like I Remember You' est particulièrement réussie.
Sortir glorieusement des sentiers battus du hard rock mélodique est quasiment exceptionnel dans ce style musical. Code Red n’y parvient d’ailleurs pas, "Incendiary" restant un opus qu’on pourra en effet qualifier de classique. Proposer au moins un travail de qualité n’est pas donné à tous ceux qui s’y essayent. Reconnaissons que les Suédois s’en sortent fort honorablement dans cet exercice, dès leur premier album.