Un arbre solitaire s'enracine dans un paysage aux couleurs hallucinées, se préparant à l'annonce de la venue d'une tempête. Voici le cliché qui orne la pochette de ''A Time Will Come'', le nouvel EP de Noydem. Le premier album du groupe parisien sobrement voire cruellement intitulé "#Album" avait été bien accueilli par la critique, mais trois ans plus tard, Noydem se décide à entrer à nouveau dans le rêve.
Nous n'avons cessé de le dire, un EP est une sonde lancée dans une mer d'espérance. Noydem doit donner le meilleur de lui-même en l'espace de cinq morceaux qui pourraient interpeller l'auditeur lambda s'attendant à écouter un groupe roumain. Cultivant les influences de Red Hot Chili Peppers ou Muse, Noydem se lance dans un violent périple. 'Welcome Home' qui se savoure dans l'antichambre de l'album met au point le style : batterie précise quasi téléguidée, guitares à l'escalade, basse tentaculaire, chœurs adoucis et chant redoutable parfois saturé. Mais 'A Place To Live' qui emprunte la mélodie vocale de 'This Is The Life' d'Amy McDonald révèle moins de qualités que de failles, la même formule éditée en théorème étant agréée par chacun, on peut la reprendre jusqu'à l'overdose. En outre, l'accent français dans la langue de Boris Johnson laisse parfois teinter sa familiarité ('Bring Me Down') notamment sur les couplets.
Mais si la tempête gronde, elle peut laisser parfois quelques instants de répit. Une deuxième face se dévoile un peu plus introspective, où Julien Prouveze invoque les influences vocales de Matthew Bellamy (sans inutiles jérémiades) ou de Steven Wilson (en mieux géré). Alors que le précédent album laissait dubitatif sur les qualités aiguës de sa voix, ce présent EP permet de mesurer les progrès réalisés. Assez convaincant, 'Your Other Self' nous invite au plus profond d'un être schizophrénique, doux sur les couplets et à nouveau extraverti sur les refrains. Le chant fragile de 'Stay' marqué par des refrains explosifs se laisse
encadrer par la basse sur les couplets. On pourra cependant regretter
quelques effets sur la voix, tout comme les saturations du premier titre, qui laissent à penser qu'on a voulu maquiller
quelques imperfections.
Faisant preuve d'une énergie significative, Noydem se présente comme un outsider sur la scène alternative. Si la justesse de la voix dans les aigus saura séduire, on pourra toutefois regretter que cet EP soit si monochrome. Sans aller jusqu'à jouer des ballades, Noydem aurait pu tenter de plus amples escapades en dehors de ses sentiers battus ou appuyer plus souvent sur sa touche électro.