Guillaume Muller est sound designer chez Microsoft Rare Ltd, comprenez qu'il crée des bruitages, effets sonores, musiques et autres sons pour des vidéos et jeux vidéo de la marque. Sa passion pour LE son l'a naturellement conduit vers la création musicale et en fait un personnage à part dans le paysage musical français. Originaire de Sarrebourg, il s'inscrit dans une mouvance steampunk rétrofuturiste et s'implique depuis une dizaine d'années dans des projets ambient comme Spiky, Carnival Symposium et Paleblack. Son univers est fait d'arrangements subtils d'ambiances douces, intimistes et feutrées, de bruitages et d'une musique onirique relaxante.
Son nouveau projet s'appelle Voidfactory, concept post-rock/ambient dont le premier album "Okopova" matérialise son envie d'expérimentation sonore. Le premier contact avec l'album se fait via un artwork original et coloré signé du renommé Olivier Bonhomme, pile dans l'esprit steampunk, conçu à l'origine comme un poster et une couverture.
Musicalement, Guillaume Muller y fait presque tout et l'ensemble a été réalisé à partir de prises directes faites à la maison avant quelques ajustements sans réelle phase de mix pour conserver un aspect brut et authentique cher à l'artiste. Le mixage signé François Fanelli a permis de mettre le tout en boîte après que quelques passages de flumpet et des parties vocales interprétées par Marion Dufour ont été ajoutées.
Le résultat est hyper intimiste, souvent atmosphérique, très ambient et d'une grande finesse. Majoritairement instrumentale, la musique de Voidfactory est délicate et invite à la relaxation et à l'introspection. Elle a surtout cette capacité unique à transporter l'auditeur et à l'immerger au cœur même des thèmes musicaux grâce à une maîtrise presque scientifique de chaque son. Les ambiances rappellent certains artistes abstract hip-hop comme Degiheugi ('Big Leaves', 'The Sound Of The Metal Rolling'). Même douces et feutrées, les mélodies sont présentes et nous rassurent quant au talent de composition de Muller, certes bruiteur, mais ici pas que.
L'ambiance oscille entre acoustique et electro, mais pas trop, intimiste à coup sûr, jazzy au sens le plus pur du terme ('To Catch The Sun') et résolument atmosphérique. Musique de film, sound design, ambient, Guillaume Muller maîtrise l'art du son et l'écoute de "Okopova" transporte l'auditeur dans son canapé jusque dans le salon de l'artiste que l'on peut presque entendre effleurer les touches de son piano sur 'Ocean Of Trees In A Bleach Lake' ou 'There Is No Use For Words'.
Très loin des sentiers habituels où Music Waves a l'habitude de s'aventurer, Voidfactory propose une parenthèse musicale douce et moderne à la fois dans laquelle il est bon de se blottir : un voyage sonore pour se laisser transporter au-delà de la musique. Amateurs de grosses guitares et de "Cra-cra-craaa" s'abstenir, quoique : un peu de douceur et de finesse ne peut faire de mal à personne par moments.