S’il avait envoûté votre humble serviteur, "Big Music", précédent album studio de Simple Minds datant de 2014, avait fortement divisé les amateurs. Alors que certains avaient apprécié la qualité des compositions et de la production, d’autres n’en avaient pas du tout goûté le développement et l’approche électronique. Toujours produits par la même équipe, et après une parenthèse acoustique, les Ecossais offrent un "Walk Between Worlds" dont l’objectif est de réconcilier tous les fans du groupe. Charlie Burchill parle même de deux faces distinctes : une orientée new wave et une avec des orchestrations cinématiques.
Si les puristes pourront toujours trouver des éléments pour argumenter que l’annonce du guitariste n’est pas tout à fait exacte, le fait est qu’il est loin d’avoir menti. En effet, le début d’album voit la guitare reprendre du poil de la bête et la production, si elle reste peaufinée, se révèle néanmoins plus organique que sur "Big Music". Les refrains sont hyper accrocheurs et l’énergie est communicative pour un résultat entraînant et envoûtant à la fois. Entre rock et new wave, le single ‘Magic’ et ‘Utopia’ emportent tout sur leur passage, alors que ‘Summer’ se fait un peu plus sombre, lancé par une basse massive mais toujours accrocheur et énergique.
La transition entre les deux parties annoncées par Burchill est représentée par un ‘The Signal And The Noise’ plus électro, à la puissance presque industrielle et à la tension palpable digne d’un duel au Far-West, et par un ‘In Dreams’ alternant couplets directs et refrain aérien. Sur ce dernier, les claviers se font plus présents et l’ambiance cinématique commence à poindre. Elle va prendre toute son ampleur sur les trois derniers titres de la version classique de l’album. ‘Barrowland Star’ enveloppe directement l’auditeur dans une ambiance à la fois grandiloquente et mélancolique. Jim Kerr prend parfois des intonations dignes de David Bowie et de belles lignes de cordes renforcent l’envergure de ce titre qu’un superbe solo de guitare illumine sur tout son final, le tout rendant hommage à une salle de Glasgow dans laquelle Simple Minds s’est souvent produit (la Barrowland Room qui verra d’ailleurs les Ecossais débuter leur prochaine tournée). Le titre éponyme poursuit sur cette voie avec un refrain direct et accrocheur et un bel équilibre entre guitare et claviers, avant que ‘Sense Of Discovery’ ne conclue le décollage vers de hautes sphères en se faisant aérien et hypnotisant avec quelques lignes de chant rappelant l’incontournable ‘Alive And Kicking’.
Tout en faisant la part belle à certains éléments replongeant l’auditeur mélancolique dans sa période la plus faste, Simple Minds continue son évolution vers des sonorités plus modernes. Les Écossais trouvent ici un parfait équilibre entre quelques expérimentations cinématiques et une énergie rock/new wave digne des années 80. S’il ne fera pas taire les intégristes du c’était mieux avant, "Walk Between Worlds" justifie parfaitement son titre et le fait avec finesse et talent.
NB : A signaler une édition deluxe proposant trois titres supplémentaires.