En musique comme ailleurs, personne ne peut affirmer ne pas faire un jour
quelque chose qui lui semblait totalement impensable auparavant, que ce
soit suite à un changement de situation ou d'opinion, ou bien sous la
contrainte. Fontaine, je ne boirai pas (plus) de ton eau.... Cet adage trouve son exemple avec Blinding Sparks. Après l'écoute de leur précédent album, "Renaissance Insipide", la phrase "plus jamais !" s'est imposée à nos esprits car si musicalement, cet album pouvait tenir la route, celui-ci était plombé par les lacunes vocales de son chanteur et par un goût d'inachevé. Alors, imaginez la réaction lorsque ce "Brutal Awakening" est arrivé pour être soumis à nos commentaires.
Et pour être tout à fait honnête, le contenant n'est pas venu atténuer l'appréhension négative à la vue de ce nouvel album. La pochette est en effet une pâle copie de celle de "Octavarium" de Dream Theater en moins bien (déjà l'originale n'est franchement pas terrible). Mais qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse.
C'est donc fébrilement que l’auditeur reçoit le premier titre ('Don't Need A Name'), et là l'appréhension se tempère. La musique est toujours de qualité et sonne heavy, mais le chant semble avoir quelque peu progressé, surtout en voix claire. Gommés les trop nombreux contretemps et les faussetés qui tapissaient "Renaissance Insipide". Ces défauts sont estompés par Jérémy qui assume désormais son chant qui en devient un peu plus juste. Ainsi 'Deathbeds', bâti sur un rythme faussement mid-tempo, illustre cette progression avec un refrain porteur et bien enlevé doublé par une voix féminine. Parfois, le groupe lorgne vers la pop rock un peu passe-partout, dans la lignée de Kyo ('A Trois' avec un texte à double sens) certes pas très original mais plutôt agréable. Par ailleurs, le chanteur est accompagné par Laurent Bàn (qui a participé à de nombreuses comédies musicales) sur trois titres.
Les musiciens tiennent grandement la route dans un style efficace où les mélodies, bâties sur une base essentiellement metal, demandent un peu d'effort pour s'ancrer dans la tête ('In Front Of My Mirror'). Toutefois - chassez le naturel il revient au galop - , dans certains titres Jérémy retombe hélas dans ses travers et use abusivement d'un chant hurlé qui nécessite une technique qu'il ne possède pas encore et qui finit par grandement alourdir le propos et fatiguer l'écoute ('I Fuck It', 'A Tough Road For The Heart’) malgré le fait qu'il soit contrebalancé souvent par les mélopées féminines plus douces et surtout plus justes ('Arch').
Outre l'hommage aux expressions françaises qui parsèment ce texte, ce qu'il faut retenir ici c'est que ce "Brutal Awakening" marque un tournant pour les Blinding Sparks, celui de la professionnalisation grâce à des compositions plus réfléchies et mieux construites. A écouter pour vous faire votre avis.