Comme son nom ne l’indique pas, Nine Skies est un groupe français originaire de Nice, nouveau-venu sur la scène progressive hexagonale. Composée de neuf membres, cette troupe nous délivre en cette fin d’année 2017 son premier album, "Return Home", concept narrant la vie de plusieurs protagonistes au sein d’une grande ville, le tout vu par un regard extérieur.
Peu d’informations étant disponibles quant au style musical adopté par ici, hormis le fait que le groupe se nourrit de multiples influences, les premières minutes de ‘Return Home’ vont orienter l’auditeur vers un néo-progressif convenu durant trois minutes, le temps que la machine se mette en marche et nous convie ensuite vers un retour au Genesis de Steve Hackett, période "Trick of the Tail" / "Wind and Wuthering". Ici, l’influence est claire et marquée, et nous la retrouverons régulièrement dans cette première partie d’album, ‘Season of Greed‘ étant très certainement le plus porteur de cette référence.
Mais, à l’inverse d’un The Watch qui assume son statut de tribute band au point de ne composer que dans ce style, Nine Skies ne se limite pas dans ses compositions à des mélodies dispensées à la 12 cordes, garnies de flûte et soutenues par des sonorités de claviers façon Tony Banks. La mise en place évoque effectivement de nombreux styles musicaux, couvrant un large spectre des différents genres que l’on retrouve dans le progressif, à l’exception du metal.
La preuve la plus frappante en est constituée par l’excellent ‘Blind Widower’, découpé en deux parties, où l’on s’envoie une bonne dose de jazz prog canterburien rappelant notamment The Tangent, flûte, saxophone et basse enamourée inclus, avant que le tout ne monte progressivement en puissance par le biais d’une guitare hispanisante et se conclue par un superbe chorus très néo-prog. La même recette est reprise dans la deuxième partie, avec cette fois une partie centrale toute en puissance et rythmique à contretemps, en parfaite opposition avec l’ambiance club de jazz proposé de part et d’autre. Mais Nine Skies sait également nous servir du progressif moderne très marillionesque, avec notamment un ‘Roses Never Hatch’ que l’on croirait tout droit sorti de "Season’s End", tandis que ’Away Back’ évoque quant à lui plutôt la première période du groupe anglais.
Au rayon des bémols, nous mettrons toutefois une petite réserve sur certaines parties chantées manquant parfois d’assurance, d’autant plus lorsqu’elles sont servies à deux voix. Mais l’équilibre trouvé entre celles-ci et les nombreuses parties instrumentales font qu’au final le plaisir d’écoute ne s’en ressent pas.
Après de nombreuses écoutes des 55 minutes qui composent "Return Home", le constat est sans appel : rarement un groupe français n’aura sonné autant britannique, avec autant de justesse dans l’intégration de ses nombreuses influences et références. "Return Home" est un pur joyau qui réjouira tous les amateurs de rock progressif dans son acception la plus large. Aussi essentiel qu’inattendu.