Music Waves vous l’avait prédit en 2014 lors de la sortie de son premier album "Analog 1.1", Last Avenue était en phase de devenir un groupe incontournable. Loin de botter en touche, son deuxième album avait transformé l’essai. L’irrésistible ascension de Last Avenue va-t-elle se poursuivre avec la sortie de son troisième opus "Identity" ?
Une petite demi-heure de musique. Si nos jours d’écoute sont placés sous le signe de la surenchère sonore (ou de remplissage pour parler crument), Last Avenue souhaite aller au plus profond de lui-même sans fioriture. Pas besoin de grandiloquentes introductions, le décor est planté et la machine peut s’emballer. Une machine carburant toujours au son du metal industriel fortement teinté d’électro. La batterie démarre au quart de tour, les guitares sont cruelles et tranchantes, les claviers fusillent à tout vent (‘We Run’, ‘Essential Shadow’).
La voix du chanteur est l’atout séducteur de cet album. Alors qu’on aurait pu l’imaginer éraillée après moult renforts de growls ou de bière, au contraire cette voix est chaleureuse, hypnotique à la manière d’un Jaz Coleman, chanteur émérite de Killing Joke. Les growls ne sont cependant pas totalement absents mais sont utilisés en toute parcimonie. Un soin est particulièrement apporté aux refrains accrocheurs (‘Neon Animals’, ‘We Run’). Cet équilibre entre lourdeur et apesanteur nous invite à nager dans des eaux troubles, écrasés sous les roulis d’un son rouleau-compresseur mais bercés par quelques vagues de quiétude. Le choix de la langue anglaise est tellement assumé que bien malin celui qui saura reconnaître des frenchies !
L´apport de l´électro n´est jamais réduit au rôle de gadget. ‘Repellent And Violent’ sur son introduction semble nous convier au milieu de la fourmilière qui finit par exploser sous l´impact des guitares. A la fin du morceau la guitare éructe ses derniers râles et les claviers se nappent d’atmosphérique, rappelant lointainement Popol Vuh. ‘Edgeless Life’ ressemble au dur retour à la réalité après une veille humide, en particulier avec sa voix au Vocoder et des claviers plus proches de... Tangerine Dream ! Intégralement instrumental ‘Partials’ pousse plus loin l’expérimentation avec ses boucles de claviers hypnotiques. Cerise sur le gâteau, Last Avenue nous offre avec ‘Stuck’ un duo industriel du meilleur effet avec boléro de guitares à l´appui.
Avec "Identity", nous tenons l´ADN de Last Avenue : un metal industriel lorgnant sur l’électro porté par une voix aussi dure qu’enchanteresse. Pour autant, Last Avenue ne cesse de fuir, farouche à l’idée de se laisser imprimer sur une étiquette.