Still Living vient du Brésil. Apparu en 2004, le quatuor sort deux démos les deux années suivantes. Après quelques changements de line-up, deux albums voient le jour en 2012 - "From Now" - et 2015 - "Humanity". 2017 est donc l’année de leur troisième offrande au titre sibyllin, "YmmiJ".
Le mystère entourant celui-ci ne vous provoquera pas une méningite. "YmmiJ" c’est Jimmy à l’envers, et le Jimmy en question est le personnage principal de ce concept album. Comprendre l’histoire contée ici n’engendrera pas une rupture d’anévrisme du côté de vos cellules grises. Jimmy est un arsouille doublé d’un drogué qui dialogue dans un bar avec des personnages secondaires, dont l’un - Stanger, parce que ça fait mystérieux - est une hallucination. Si vous croyez avoir échappé au mal de tête, c’est raté. Car ce que nous proposent musicalement les Brésiliens est proche du cube de Monsieur Rubik.
En effet, les treize pistes (les trois autres sont parlées) de ce "YmmiJ" nous bringuebalent telle une boule de flipper de bumpers en kickers et de kickers en slingshots, mais surtout, et le pire est bien là, de Charybde en Scylla. En effet, à l’écoute de l’opus, l’auditeur est condamné à errer de titres hard FM au parfum italien proches de ce que produisent Shinning Line, Perfect View ou Lionville quand ils tournent à vide ('Reign Of Pills', 'Dusty Blue Shadow', 'I’m Jimmy') à des morceaux de heavy rock mélodique d’inspiration 80’s tels que Quartz pouvaient en proposer quand le combo n’était pas inspiré, le tout mâtiné de sleaze rock ('On The Edge', 'Call Of The Night').
Le voyage chaotique nous entraîne également d’une partition de rock mélodique que n’auraient pas reniée les Espagnols de 91 Suite ('The Man I’ve Become') à des sonorités beaucoup plus agressives datant de la NWOBHM ('The King Of Nothing', 'Cult Of The Rough Awakening') dénuées d’esprit mélodieux et d’une ballade classico-classique ('Haunted') à un titre fourre-tout alternant exercice vocal (raté)/piano, passage heavy rock tombant comme une perruque dans le potage et mid-tempo doté d’un refrain FM pour finir ('Mr Mirror').
Et puisqu’il convient de boire le calice jusqu’à la lie, l’auditeur dérouté voguera avec 'Peace Or Pieces' d’un mid-tempo démarrant par un exercice guitaristique digne d’un cours de six-cordes pour seconde année, mais doté d’un solo réussi - allez comprendre (!) - à une ballade plutôt agréable digne de Styx et de ce que proposait le groupe français de heavy prog Rest In Peace ('Redemption').
Plombé par une incohérence coupable et affublé de vocalises parfois à la limite de la justesse, ce troisième opus de Still Living, trop disparate et peu inspiré, perd rapidement son auditoire en route et risque fort de ne convaincre personne voire d’énerver tout le monde, y compris les aficionados de hard mélodique ayant pour habitude de se jeter comme des morts de faim sur tout ce qui brandit l’étendard de la mélodicité.