Après avoir enchanté nos oreilles avec son précédent album, "The Season Turns" paru il y a à peine 18 mois, et au moment où il réintègre l’écurie Galahad, Lee Abraham en véritable stakhanoviste publie son sixième album solo, sobrement intitulé "Colours", production pour laquelle il a invité une pléiade de noms prestigieux pour tenir le chant à ses côtés.
Si sa précédente œuvre avait vu le bassiste/guitariste migrer son style vers un néo-prog débarrassé de ses saillies métalliques, "Colours" enfonce encore un peu plus le clou dans cette direction, lorgnant de manière appuyée vers un A.O.R privilégiant la mélodie et l’efficacité avant toute chose, tout en prenant néanmoins le temps de développer ses différents thèmes en les assortissant de ponts instrumentaux judicieux. Et c’est bien entendu du côté d’Asia que les regards vont se tourner dans un premier temps, et plutôt particulièrement celui de la période Geoff Downes/Steve Payne.
De même que la plage titre qui inaugure l’album, ‘Always Yours’ présente tous les ingrédients des recettes à succès du genre : une mélodie immédiate servie par une voix énergique sur fond de claviers planants, soutenue par une basse rythmique et une batterie à la frappe lourde mais pas trop, entrecoupée d’un pont instrumental efficace servant de prétexte à un solo de guitare lumineux. Au croisement de la pop et du néo-progressif, ces trois premières plages percutent immédiatement au creux de l’oreille : simple, chatoyant, dynamique et efficace.
‘Find Another Way’ va quant à lui amener un peu plus de variété, avec une entame très OMD dans les sonorités, puis un développement aux faux airs de Toto avant un final porté par un chorus puissant de toute beauté. Et naturellement, tous ces ingrédients vont être déployés en apothéose dans une dernière plage épique paraissant même trop courte malgré ses 14 minutes, portée par la voix chaude de Gary Chandler et ponctuée par un final instrumental de 4 minutes paraissant quelque peu déconnecté de la première partie du titre, mais concluant admirablement une galette lumineuse.
Après ces 50 minutes de plaisir, d’aucuns pourront arguer que Lee Abraham se complaît dans la facilité, négligeant l’essence même du rock progressif pour accoucher de mélodies accrocheuses et immédiates. Ce serait vraiment faire injure à ses talents de mélodiste (justement) et d’arrangeur, et surtout au plaisir et aux émotions ressentis à l’écoute de ces sept nouvelles compositions, ce qui reste finalement le plus important, quel que soit le style accolé à la musique.