Formé en Suisse en 2006, Shezoo était à l’origine composé de 6 musiciennes de différents horizons, expliquant ainsi son patronyme : She-Zoo. Mais rapidement, l’aventure s’est masculinisée, les départs étant compensés par des hommes. Dana (batterie) ayant quitté le groupe depuis 2014 et le précédent opus ("Change"), Natacha, la chanteuse néerlandaise, se retrouve être désormais la seule représentante de la gent féminine au sein de ce qui est devenu un quatuor depuis déjà quelques années. Si Micha, le guitariste allemand est toujours présent, la section rythmique est désormais composée de Ralf à la basse et Jerry à la batterie, ce qui permet au groupe de garder son identité suisse.
Une fois cette présentation du personnel réalisée, que dire sur le quatuor, et en particulier sur son nouvel opus intitulé "Agony Of Doubt" ? Tout d’abord, qu’il bénéficie d’une très bonne production, claire et puissante à la fois, laissant sa place à chaque instrument, même si le chant se voit affublé d’une réverbération supérieure à la normale. Ce dernier point semble cependant justifié mais nous y reviendrons plus tard. L’interprétation instrumentale est sans faille en dehors d’un solo un peu limite sur la ballade ‘Mirror’, et ce n’est pas par hasard si la section rythmique est suisse car elle est parfaitement réglée et en place. Cette dernière remarque s’applique d’ailleurs à l’ensemble de la prestation proposée ici et la plupart des titres sont plutôt agréables à l’écoute.
Mais qu’est-ce qui empêche Shezoo de pouvoir envisager d’obtenir une renommée qui sortirait de la zone germanophone de l’Europe ? En réalité, les principaux handicaps se résument en deux mots : chant et originalité. Sans être une mauvaise chanteuse, Natacha propose une prestation manquant cruellement de relief malgré le supplément de réverbération que nous citions précédemment. Seuls les titres les plus calmes la voient sortir d’une zone de sécurité qu’elle semble s’imposer toute seule. La ballade ‘Mirror’ et le mid-tempo mélodique ‘Crimson Rain’ se révèlent les plus accrocheurs et pourraient peut-être représenter une voie à suivre pour la suite. A noter également un accent anglais qui n’est pas irréprochable, ce qui enlève encore un peu de crédibilité à l’ensemble. Quant au problème d’originalité, il est assez récurrent dans le milieu du metal dit teuton duquel seules quelques rares formations arrivent à s’extraire en proposant une identité forte. Ce n’est définitivement pas le cas de Shezoo qui fait parfois penser à Doro (‘No Way Back’), à Dio (‘His Heart Is Metal’) et souvent à Accept (‘Losing Control’, ‘Living Dead Strangers’).
L’écoute de ce "Agony Of Doubt" ne provoquera pas de désagréments majeurs, sauf à ne pas supporter le chant particulier de Natacha. Il ne déclenchera pas non plus d’excitation notable. Le potentiel est pourtant bien présent mais il ne pourra s’épanouir qu’au service de compositions plus personnelles, originales et prenant un minimum de risques. En attendant, Shezoo n’offre rien de particulier qui puisse lui permettre de s’extraire de la masse des groupes sympathiques mais moyens.