(Lady) Cylew est une artiste franco-américaine dont l'avant dernier album ("Black Lace Prophecy") avait reçu un écho favorable en 2012 en s'inscrivant dans un style pop rock électro moderne au-dessus de la moyenne tel que la chanteuse l'avait pensé. Il faut dire que Cylew a l'art de marier ses racines européennes (sa manière singulière de chanter dans un style proche des Cranberries outre des compositions teintées d'un certain romantisme issu du vieux continent) avec celles plus directes, concises et efficaces dans un style typique américain à la Taylor Swift.
Accompagnée à nouveau par Arnaud Bascunana (producteur notamment d'albums de No One Is Innocent ou des Wampa) et de Kriss Kilion, "Mot3l" s'inscrit-il dans le sillon creusé en 2012 ? Il ne faut pas attendre longtemps pour s'apercevoir que quelque chose a changé. Le son est dépouillé, déshabillé de ses vêtements électroniques ce dès 'Western Sky' qui accroche l'auditeur dans une ambiance presque heavy dans le refrain avec des guitares incisives. Mais loin de s'inscrire dans un style unique pendant tout un album, Cylew varie les plaisirs et propose tout un parcours à l'auditeur.
"Mot3l" peut ainsi être vu comme la bande originale d'un road movie dans lequel les personnages vivraient des histoires d'amour tendres ('Sun', titre à fleur de peau), se perdraient dans des moments de solitude émouvante ('Outer Spaces' d'un romantisme suave), mais aussi vaincraient les obstacles de la vie dans des hymnes plus urbains ('Save Me', sauvage et désespéré) ou rentreraient dans des périodes de rage ('Jupiter's Crash' au son abrupt). Chaque titre réussit l'exploit de proposer quelque chose de particulier où le seul le fil rouge serait la superbe voix modulable de Lady Cylew. Cette fille est un véritable caméléon qui sait se rendre fragile, presque sur le fil en utilisant avec parcimonie un léger souffle dans le chant puis dégager aussitôt une puissance vocale rarement atteinte ('Stalking My Prey'). Il faut aussi saluer ici le talent des musiciens qui l'accompagnent tant ils semblent avoir apporté leur savoir-faire dans l'écriture de l'album par rapport aux deux précédents. Ils amènent une identité forte tel que la soul sous-jacente de 'Immaculate', le rock âpre de 'Be Mine', le quasi country 'Wishing' terriblement séduisant.
Au final seul l'auditeur pourra interpréter et s'approprier les treize titres qui jalonnent ce nouvel album, comme un synopsis qui a le mérite d'apporter une immense variété de styles et de ne pas lasser au final, quitte parfois à être déroutant. Qu'importe ! Laissez-vous séduire par le chant de cette sirène, laissez-vous prendre au piège de ses filets tissés avec ses acolytes et n'hésitez pas à louer une chambre dans ce "mot3l" quatre étoiles.