Il n'est pas commun de commencer une chronique par sa conclusion, mais mon impatience de chroniqueur m'autorise à déroger aux conventions et à ne pas attendre plus longtemps pour rendre un hommage appuyé aux gens qui le méritent. Alors n'ayons pas peur des mots : avec ce nouvel album, Nemo est admis définitivement dans la cour des grands du progressif français, et notamment aux côtés du plus célèbre d'entre eux, celui qui au début des années 70 nous étourdissait de "Cimetière des Arlequins", "Caricatures" et autres "Au-Delà du Délire". Nul doute qu'avec un contexte similaire, Nemo aurait aujourd'hui droit à une reconnaissance après laquelle il court toujours, malgré un "Prélude à la Ruine" déjà de toute première qualité.
Et avec "Si", première partie d'un concept tournant autour de la mort et des soucis de l'humanité en général, la bande à JPL confirme tout son talent, avec une cohérence supérieure à sa précédente réalisation. Là où "Prélude" pouvait présenter quelques longueurs dans sa deuxième partie, "Si" nous assène 1 heure de musique sans temps mort au cours de laquelle on retrouve les ingrédients habituels de la musique de Nemo : une section rythmique ultra-précise et imaginative, les guitares incisives de JPL qui se lâche même à faire du Métal (intro de "Miroirs" par exemple), un accompagnement de claviers toujours judicieux et puis ce que d'aucuns considèrent comme le point faible du groupe, à savoir un chant qui, dans un souci de recherche d'une expressivité maximale, a parfois tendance à flirter avec les limites de la justesse. Mais, dans le cas présent, ce point de détail n'affecte en aucune manière la qualité des cinq compositions proposées.
Difficile de décrire en détail chacune d'entre elles, l'inspiration de Nemo semblant en effet sans limite, tant dans la variété des ambiances tour à tour puissantes et délicates, que dans les thèmes musicaux et les arrangements somptueux. A ce titre, "Ici, Maintenant" est le parfait résumé de ce que le groupe est capable de condenser dans un titre au format "court". Impossible toutefois de passer sous silence les deux longues suites qui introduisent et clôturent l'album.
"Douce Mort" nous emmène dans un voyage musical introduit par une lente et ténébreuse montée en puissance, avant que la mise en place du thème principal plus enjoué n'entraîne l'auditeur dans un feu d'artifice où la délicatesse et la puissance des arrangements se succèdent dans un véritable bonheur auditif.
De son côté, "Apprentis Sorciers" déroule ses 20 minutes de diatribe contre les OGM en multipliant les ambiances progressives en tout genre et c'est ici que l'esprit du grand Ange semble avoir habité nos musiciens.
Alors oui, cet album est hautement recommandable et devrait figurer dans toute discothèque digne de ce nom. Nemo est un groupe rare à soutenir de toutes nos forces. Et que le temps risque de sembler long avant la publication de ... Si Partie 2.