Avec "Heaven & Hell" paru en 1975, Vangelis dessine plus fermement les contours de son style. Construit en deux parties représentant les deux faces du vinyle original, ce morceau est basé comme son nom l’indique sur l’opposition. Bien loin du calme mélancolique de "L’Apocalypse", il se tourne vers un style beaucoup plus symphonique.
A ce stade de la carrière de Vangelis, les mélodies sont assez simples et plutôt linéaires. Par contre les synthétiseurs se font plus présents et dominateurs, à l’image de l’entame païenne de 'Bacchanale', qui ose même quelques dissonances, ou d' 'Ares' et son synthé quasi emersonnien. La veine symphonique se dessine plus nettement : dans 'Symphony to the Powers B', la recherche d’un côté épique et symphonique est palpable avec ces chœurs Carminaburaniens, même si la musique peine à prendre son envol, la faute à un aspect collage assez artificiel. Le style devient même limite pompeux ('Movement 3'), mais l’époque ne détestait pas cela (voir le "The Myths and Legends of King Arthur and the Knights of the Round Table" de Rick Wakeman, par exemple…).
'So Long Ago, So Clear' est également l’occasion de voir pour la première fois Jon Anderson (Yes) poser sa voix sur la musique de Vangelis, trouvant un délicat écrin d’où s’envoler. Cette collaboration donnera naissance ultérieurement à trois albums ("The Friends of Mr Cairo", "Private Collection" et "Page of Life").
Tout n’est pas parfait dans ce "Heaven & Hell", certaines parties relevant d’un impressionnisme un peu foutoir (’12 o’Clock') ou s’échappant dans un registre atonal sans intérêt ('Intestinal Bat'). Mais cet album a un style bien cohérent et plus affirmé, ce qui le rend plutôt attachant.