”Lao Tseu a dit : "Il faut trouver la voie" ” (Hergé, "Le Lotus Bleu"). Cette pensée soutient la philosophie du Tao, dont Vangelis s’est inspiré pour composer "Spiral". En exergue sur la couverture, cette pensée de Tao Te Ching: "Going on means going far - Going far means returning" ("Partir c’est partir loin - partir loin c’est revenir"). D’où la spirale. Les voies de l’inspiration des compositeurs sont impénétrables.
Dans l’œuvre du compositeur grec, "Spiral" marque l’entrée fracassante du séquenceur dans les instruments. L’outil, un monstre Yamaha de près de cent kilos, est à l’époque assez rare et va permettre de développer des boucles synthétiques saisissantes, aidées par une production précise et percutante : à l’époque, le son spectaculaire impressionne !
Ce qui ne doit pas faire oublier quelques faiblesses de composition : comme souvent chez Vangelis, surtout dans les premiers albums, le fond mélodique n’est pas si élaboré que cela, mais le Grec a un atout maître dans sa manche : la qualité de ses arrangements, souvent très bien choisis et qui parviennent à plaire au plus grand nombre. Les deux thèmes de 'The Unknown Man’ sont par exemple d’une grande simplicité et quasiment sans variations, et le mode de composition est à peu près le même sur tous les morceaux de ce "Spiral", donnant l’impression que Vangelis a porté plus d’attention aux ornements qu’aux thèmes proprement dits. Du coup, 'Ballad' et '3+3' qui dépassent les 8 minutes apparaissent un peu longuets. Par contre la ritournelle de 'Dervish D' qui rentre facilement dans la tête se montre particulièrement efficace.
Moins luxuriant qu’ "Albedo 0.39", plus robotique, "Spiral", malgré son côté spectaculaire pour l’époque, est plus le témoin des amours de l’époque pour les musiques électroniques qu’une pierre blanche dans l’univers de Vangelis, mais reste également un exemple de ses qualités d’arrangeur.