De : Abaddon, chroniqueur à Music Waves
à
Monsieur le Rédacteur en Chef de Music Waves
Objet : chronique de l’opus "Beaubourg" de Vangelis
Monsieur le Rédacteur en chef,
Comme vous le savez, je me suis lancé depuis quelques semaines dans la rétrospective critique des albums de Vangelis. J’en suis arrivé à 1978, année où l’artiste grec installé à Londres fait paraître son dernier disque sous la houlette du label RCA. Pour cet opus, il a choisi d’illustrer les impressions ressenties lors de la visite l’année précédente du Centre Beaubourg. Fortement fasciné par le lieu, il retourne au studio Nemo et jette dans l’urgence (moins d’un mois) ses impressions musicales pour livrer cet album.
Les moyens mis en œuvre sont simples (un synthétiseur Yamaha CS-80 et un ring modulator qui complexifie les sons). "Beaubourg" est une œuvre avant-gardiste et expérimentale, avec un rendu extrêmement impressionniste, atonal et hermétique.
Ce qui justifie mon mail : j’aurai énormément de mal à conserver l’objectivité nécessaire à tout travail critique, car ici, je n’entends pas de mélodie, mais des notes disjointes ; pas de rythme, mais des flashs impressionnistes. Dans ces conditions, difficile de suivre l’artiste dans son ressenti…
Nous sommes dans la pure technique instrumentale, pas dans la musique au sens où les mélodistes l’entendent : absence de thème, atonalité quasiment constante.
Pour tout dire, cet album plus proche de l’accumulation de borborygmes électroniques et de l’onanisme instrumental m’ennuie au-delà de l’imaginable. Tout se passe comme si Vangelis, poursuivant un travail illustratif entamé avec "Fais que Ton Rêve Soit plus Long que la Nuit", poursuivi avec "L’Apocalypse des Animaux" puis "La Fête Sauvage", était passé du côté obscur de la Force en faisant abstraction de toute mélodie, rendant l’album littéralement inaudible.
Tout ceci pour vous demander si vous m’autorisez à me départir de l’objectivité que je m’efforce d’entretenir chronique après chronique, pour résumer mon ressenti : le meilleur dans "Beaubourg", c’est de très loin sa pochette ! La "musique", elle, est aussi moche que l’extérieur du bâtiment…