Nous voici donc, en cette année 2018, en présence du neuvième album d’Angra. Cet "ØMNI", enregistré en Suède et qui signifie «tout» en latin, marque le 26ème anniversaire du groupe. Trois ans après la sortie du fort apprécié "Savage Garden" les Brésiliens nous ont concocté un album concept sensé faire le lien entre ceux développés dans "Holy Land" (1996), "Rebirth" (2001) et "Temple Of Shadows" (2004). Il est ici question, dans un futur proche, d’une intelligence artificielle révolutionnant la communication entre les humains. Dont acte.
Depuis ses débuts le combo voit dans ses rangs s’étioler le nombre de ses membres emblématiques les plus anciens. Après Matos, Confesiori et Mariutti, c’est au tour de Loureiro, ayant migré définitivement chez Megadeth, d’abandonner le désormais bien esseulé Bittencourt. Marcello Barbosa (Khallice, Almah), présent sur scène au sein du groupe depuis 2015, est confirmé comme remplaçant du guitariste sur cet album qui sera proposé sur les planches aux foules françaises impatientes en mars et avril.
"ØMNI" est un album extrêmement varié et ce n’est en rien une surprise. Le titre 'Black Widow’s Web' en est l’exemple idéal. Celui-ci démarre en effet par une voix pop délicieusement calme et désuète à la Kate Bush (Sandy, une chanteuse Brésilienne), se poursuit sur le couplet par un duo vocal empreint de la voix d’outre-tombe d’Alissa White-Gluz (Arch Enemy) et aboutit à un refrain digne de ceux servis par les formations de metal mélodique. Le télescopage des styles est constant, preuve en est également ce 'Magic Mirror', au refrain addictif, détenant un break hallucinant où des cordes virulentes (on pense à Apocalyptica) propulsent des guitares furieuses et une batterie au diapason avant qu’un duo piano/cordes en version classique calme soudainement la tempête.
Et il en est ainsi de cet "ØMNI", de son émergence avec un 'Light Of Transcendence' dans lequel s’affrontent double pédale speedesque, ritournelles happy metal, riffs de moissonneuse batteuse et orchestre symphonique, à sa conclusion en deux temps avec ce morceau éponyme de près de quinze minutes en deux parties dont la seconde est un instrumental qui aurait pu accompagner le générique de fin d’un film de Spielberg.
Dans ce dédale de sonorités, n’oublions pas des chœurs tels ceux de l’Armée Rouge, des percussions de la région de Bahia, des chants tribaux… n’oublions aucun détail, se sont dit les Brésiliens, puisque le diable y est caché. Mais à trop vouloir se concentrer sur la diversité musicale, Angra a omis de s’attacher, dans une égale mesure, à un élément essentiel, celui du soin porté aux mélodies. Et les incidences induites ne manquent pas de se ressentir. En effet, dans cet "ØMNI" les zones d’accroche sont trop isolées - seuls 'Insania', 'The Bottom Of My Soul' et 'Magic Mirror' remplissent leur contrat - et l’auditeur peine, même après plusieurs écoutes attentives, à se repérer dans ce qui lui est proposé et par voie de conséquence à se sentir porté.
Cet "ØMNI" est donc un OVNI. Si l’easy listening n’a que peu d’importance pour vous et que la technique et la diversité musicale priment dans vos choix, vous apprécierez cet opus. Si par contre vos goûts vous portent plutôt vers des contrées où les plaisirs sont ancrés dans les aspects mélodiques des compositions, vous risquez de vous sentir un peu perdu à l’écoute de cette nouvelle production des Brésiliens.