Bien qu’il ne se soit jamais rendu en Chine, Vangelis a déclaré être fasciné par ce pays et sa civilisation ancienne. En 1978, il décide de fixer l’essence de l’esprit chinois sur un nouvel opus. Ainsi est né "China", un de ses albums qui rencontrera le meilleur accueil critique et qui va fixer sa manière de composer pour les albums à venir.
La philosophie qui préside à cet enregistrement n’a pourtant guère évolué depuis "L’Apocalypse des Animaux" : Vangelis illustre un propos (ici : l’esprit de la Chine) en utilisant des thèmes simples voire très simples qu’il enrichit progressivement par des apports plus ou moins symphoniques : le long ‘Himalaya’ est représentatif de cett manière de faire, avec beaucoup d’effets sur peu de musique (le thème est simplissime), mais avec une belle maîtrise des sons qui atteignent une certaine ampleur. Si ‘Summit’ comme 'The Little Fete’ restent plutôt mineurs, le choix des oppositions de sonorités fonctionne très bien sur 'The Tao of Love' , 'The Dragon' ou 'Yin & Yang', même si ce dernier morceau est plus en roue libre et sans réelle ligne directrice.
Les grandes réussites se situent en début d’album : 'Chung Kuo' (l’Empire du Milieu) avec son ostinato de quatre notes au synthé et ses arrangements magnifiquement trouvés, 'The Plum Blossom' avec le violon en vedette (une première pour Vangelis), et 'The Tao of Love' , pour une fois concis et montrant une très belle coloration sonore, sont d’éclatantes réussites. Cerise sur le gâteau, Vangelis a composé avec 'The Long March' une très belle pièce de piano solo, sensible et plus complexe que ses titres habituels, montrant mêmes des résonances emersoniennes tout à fait inattendues !
"China" représente dans la discographie de Vangelis une œuvre enfin en équilibre entre le côté atmosphérique de l’illustration sonore, les sonorités modernes et les mélodies percutantes. Désencombrée des longueurs de certains de ses précédents enregistrements, elle est l’un des disques du maestro grec à posséder.