Pour sa troisième collaboration avec Frédéric Rossif, "L’Opéra Sauvage", Vangelis reprend son rôle d’illustrateur sonore. Conformément aux expériences précédentes, il continue à s’appuyer sur les claviers, en retrouvant le son du Fender Rodes qu’il affectionne particulièrement.
Même si cet "Opéra" est un de ses plus gros succès, ce n’est pas l’album le plus novateur de Vangelis : les recettes utilisées sur "L’Apocalypse" ou la seconde partie de "la Fête Sauvage" sont assez paresseusement reconduites ici, pour un résultat certes plaisant, mais assez en roue libre : 'Rêve' comme 'Flamants Roses', où Jon Anderson est crédité à la harpe, confinent à l’improvisation impressionniste, avec de larges secteurs en dilettante, mais habilement post-produits : comme à l’accoutumée, le choix des sonorités est beaucoup plus élaboré que les lignes mélodiques, qui restent simples (et efficaces). Ainsi 'Mouettes' ,'Irlande' ou 'L’Enfant' aboutissent à un résultat plaisant, mais mineur (pour l’anecdote, ce dernier titre aurait dû servir pour le film "Chariots of Fire" mais sur insistance de Vangelis, c’est finalement 'Titles' qui a été retenu, avec le succès que l’on sait).
Le titre le plus original est sans conteste 'Chromatique', dont la mélodie lancinante basée sur une gamme chromatique jouée par Vangelis à la guitare apporte une émotion inattendue. Pour le reste, le savoir-faire de Vangelis s’impose sans grand effort, mais ne parvient pas à créer la moindre surprise.