Magnesis est un groupe français qui nous vient de Bourgogne et qui en est à son sixième album en un peu moins de 20 ans d'existence. Une rapide visite sur leur site donne de bons espoirs tant par les témoignages disponibles sur leur livre d'or que par les biographies des musiciens : des interprêtes ayant une certaine expérience et des influences pour le moins prometteuses. De plus, les thèmes choisis pour leurs différents albums traduisent une réelle volonté de sortir des sentiers battus et de marcher dans les traces des grands que sont Genesis ou Yes, pour ne citer qu'eux.
Mais il y a un réel problème : n'est pas Peter Gabriel qui veut.
Musicalement, l'ensemble est correct : les musiciens sont en place sans en faire des tonnes car le style même des compositions n'est pas à la démonstration technique. On est ici beaucoup plus proche de Marillion ou de notre Ange national que d'un Dream Theater. Pas de mesures asymétriques sur un kit à la Portnoy ou de plans de basse en quadruples croches, juste des mélodies, des changements d'atmosphère et des riffs se voulant efficaces.
Mais le premier problème de cet album est que le soin que l'on essaie d'apporter aux compositions peut être gâché par une production beaucoup trop fade, ce qui est ici le cas. En particulier, le guitariste se retrouve beaucoup trop souvent noyé dans les claviers et la basse.
Cependant, ce qui détruit vraiment le potentiel de cet album n'est pas tant la production que le chant et les paroles. Ce groupe me fait malheureusement penser à Dream Theater, non pas dans le style, mais dans son principal défaut : on sent ici que le groupe aurait besoin de changer de chanteur, et du même coup de parolier.
Le thème, si sympathique soit-il bien que pas franchement nouveau (Mozart est réincarné en star du rock après avoir signé un pacte avec le diable), est décliné via 5 morceaux dans lesquels les paroles sont d'un style littéraire plutôt moyen mais surtout interprêté avec force exagération dans le ton. Or, le côté théâtral pour lequel a opté le chanteur se doit d'être soutenu par une voix sans défaut majeur et il se trouve qu'il y a une grosse faiblesse de ce côté.
Comme si cela ne suffisait pas, quelques grossières erreurs dans la diction viennent compléter la déception : la prononciation franco-autrichienne de Wolfgang Amadeus Mozart, les effets de voix forcés qui émaillent tout l'album (le morceau "Le fils de Mozart" en devient réellement insupportable) et enfin une erreur de français pour le moins surprenante pour un groupe qui se veut professionnel dans le premier morceau (ai-je bien entendu "le fruit de leur concupiscence ne sera Tautre que Mozart" ?).
Voici donc un groupe, certainement animé d'une véritable passion, qui souffre malgré tout d'un défaut majeur trop souvent constaté chez nombre de ses pairs. Le chant est le rôle le plus difficile au sein d'un groupe, beaucoup s'accordent à le reconnaître. Il demande donc beaucoup de travail et dans le cas de Magnesis, il apparaît clairement qu'une fois ce défaut corrigé, il sera peut-être possible de sortir du lot. Pour l'instant, je ne vois malheureusement pas de raisons de voir ici autre chose qu'une lointaine, et bien pâle, copie d'Ange et de Genesis.