My Ticket Home est un groupe américain, fondé en 2008 à Colombus dans l'Ohio autour de Nick et Marshal Giumenti, respectivement chanteur et batteur. Les deux premiers albums ont placé le groupe dans une mouvance metalcore assez classique et plutôt très agressive. Avec ce troisième opus, le champ musical évolue puisque le style revendiqué est le puke rock. Notre but n'étant pas d'essayer de définir cette nouvelle étiquette, rentrons plutôt dans le vif du sujet.
Et pour être vif, le sujet l'est bel et bien puisque 'Thrush' est un véritable brûlot aux accents punk avec ce qui caractérisera l'ensemble de l'album, à savoir un gros son de guitare très présent, un chant parfois hurlé, parfois atmosphérique ou simplement puissant. Les nombreux passages plus aériens sont l'occasion de respirations dans lesquelles la six-cordes dévoile des arpèges plus ou moins affectés de reverb. Mais au global, la musique du quatuor révèle une certaine intensité, une forme de musicalité haletante aux rythmes assez linéaires et d'une vélocité moyenne.
'Flypaper' est volontiers plus agressif, renouant par moments avec le metalcore qui a guidé jusque-là My Ticket Home, notamment sur des passages au chant hurlé et à la guitare débridée, au riff envahissant, sursaturé et indistinct. Lorsque le chant se veut plus posé comme sur 'Time Kills Everything' ou 'Joi', un certain charme est perceptible, de même qu'un semblant de personnalité qui malheureusement n'est que furtif. En effet, ces titres sont parmi les seuls à échapper à l'indistinction générale. Car même si on perçoit la volonté de varier les thèmes et les ambiances au sein d'un même morceau, l'impression qui persiste est que toutes les chansons sont calquées sur le même modèle et qu'aucune ne ressort vraiment du lot par une intensité ou une mélodie remarquable. Ce jugement est évidemment réducteur et ne rend pas hommage à l'effort perceptible des Giumenti qui ont renouvelé leur univers et leurs musiciens, ainsi que leur maison de disque (en l'occurrence Spinefarm) pour aboutir à ce "UnReal".
Ces treize courts morceaux démontrent que My Ticket Home est plein d'énergie et n'est pas dépourvu d'idée. Toutefois, la langueur qui semble s'installer au fil des écoutes ne permet pas à "UnReal" d'imposer ses auteurs comme un groupe qui compte. Reconnaissons la bonne volonté évidente et même une certaine prise de risque par rapport aux albums précédents, mais ça ne suffira pas pour convaincre totalement. Peut mieux faire.