WALKING PAPERS: Wp2 (ROCK ALTERNATIF) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Sans nouvel album depuis 2013 et avec la reformation de Guns N’Roses à laquelle participe activement Duff McKagan, l’avenir de Walking Papers semble s’inscrire en pointillés. Pourtant, dans l’ombre, et comme il nous l'avait déjà annoncé en décembre 2013 au cours de l'interview qu'il nous avait accordée, Jeff Angell travaille au maintien en vie de sa formation en proposant un nouvel opus sobrement intitulé "WP2" qui est en fait composé de titres déjà enregistrés à l'époque du premier album éponyme. Après les espoirs nés de ce dernier, l’enthousiasme et l’impatience provoqués vont rapidement trouver de quoi être satisfaits.

En effet, Angell, McKagan & Cie ont profité des cinq années pour affiner une identité toujours aussi inclassable. Le milieu hard-rock / metal a souhaité récupérer le quatuor dans son giron en s’appuyant sur le pedigree de ses membres, mais malgré l’énergie de certains titres boostés par la basse omniprésente de Duff (‘Somebody Else’, ‘Into The Truth’), Walking Papers n’est pas un groupe de hard rock / metal. D’autres ont voulu rattacher la formation à la mouvance du blues, mais malgré l’esprit bluesy d’une ballade à la mélancolie aérienne telle que ‘Red & White’ ou quelques soli gorgés de feeling, Walking Papers n’est pas un groupe de blues. Et que dire des rapprochements faits avec U2 en raison de la proximité des voix de Jeff Angell et de Bono ? Peut-être qu’elle n’est pas aberrante, surtout à l’écoute du mid-tempo soutenu de ‘Yours Completely’ ou du rock sombre de ‘Before You Arrived’, mais là-aussi, la parenté avec la légende irlandaise reste légère.

Mais alors, comment présenter la musique de Walking Papers sans la classifier dans un mouvement ? Tout simplement en admettant que les Américains font du Rock avec un grand R, comme dans les années 70 où l’on mélangeait allègrement le meilleur de toutes les influences pour accoucher de titres accrocheurs et enthousiasmants. Du gros rock martelé de ‘My Luck Pushed Back’ à la ballade crépusculaire aux orgues majestueux et vaporeux de ‘Right In Front Of Me’, ce sont 11 pièces sans failles, variées et formant pourtant un ensemble cohérent qui défilent dans nos pavillons auditifs ravis. En grattant un peu, il est possible de trouver un peu de grunge dans un ‘Death On The Lips’ à la basse prégnante, du folk old-school dans la ballade aérienne ‘Don’t Owe Me Nothin’ ’ avec son orgue Hammond envoûtant, ou du rock psyché dans un ‘I Know You’re Lying’ au refrain catchy. Et puis il y a le reptilien ‘This Is How It Ends’ qui se fait obsédant sur presque sept minutes, alors que ‘King Hooker’ se lance sur des rails rougeoyants et enthousiasmants guidé par une basse qui écrase tout sur son passage.

Alternant avec brio l’énergie et la puissance d’un rock sauvage et la mélancolie délicate du blues et des années 70, Walking Papers offre à nouveau un album unique en son genre. La formation de Seattle se révèle finalement inclassable tout en parlant au plus grand nombre en multipliant les références à différents styles et à certains groupes légendaires. Il reste désormais à espérer que les Américains pourront bientôt nous offrir une véritable nouvelle livraison discographique. En même temps, si le prix à payer pour pouvoir se régaler de titres de cette qualité est de devoir encore attendre un peu, nous pourrons prendre sur nous.

WALKING PAPERS

WP2

LOUD & PROUD

ROCK ALTERNATIF