Black Space Riders est un groupe allemand qui mine de rien creuse son sillon sur un fond de new wave survitaminé au hard rock. "Amoretum Vo.1" est leur septième album en dix ans de carrière, ce qui constitue un rythme effréné qui ferait passer Steven Wilson pour un feignant. Le combo serait donc le fruit des amours de Depeche Mode et de Motörhead et un fils pas si illégitime que ça ?
Le genre proposé par les Black Space Riders est intéressant sur le papier, invitant l'auditeur à se frotter à un mélange des genres en apparence assez éloignés l'un de l'autre, avec d'un côté une certaine froideur et du détachement voire du désespoir et de l'autre un style dynamique et saturé. C'est un peu comme essayer de mélanger de l'huile avec de l'eau : impossible ? Pas pour nos amis Allemands. Passé le premier morceau plus hard voire metal avec un chant growl surprenant ('Lovely, Lovelie'), le style prend le temps de s'installer en distillant par petites notes tout le charme de cette rencontre improbable. Elle sera introduite par 'Another Sort Of Homecoming' que n'auraient pas renié les Cure branchés sur ampli Marshall.
Petit à petit la new wave étend son emprise sur les compositions qui deviennent alors plus fusionnelles et équilibrées. La voix de JE se rapproche de plus en plus des vocalistes des groupes cités avec un certain détachement dans les lignes de chant. Le rock amène son dynamisme et l'auditeur pourra se surprendre à taper du pied au sol malgré le fait que le son soit parfois extrêmement brouillon ('Soul Shelter (Inside Of Me').
Parfois Nick Cave and The Bad Seeds n'est pas loin comme sur la pièce maîtresse de l'album 'Movement' qui met l'accent sur l'ambiance et monte tout doucement en puissance avec une deuxième partie beaucoup plus catchy, faisant ainsi de ce titre le plus bicéphale de l'album.
Pourtant, un manque de clarté pourrait parfois être reproché à Black Space Riders jusqu'à faire de sa richesse un point de discorde en enchaînant les références telles que le Led Zep de 'Kashmir' sur 'Come And Follow' jusqu'à saturation, rendant l'écoute peu fluide. L'auditeur pourrait ainsi s'y perdre et, hélas aussi, se méprendre sur la qualité du groupe, car tout est très bien interprété, quoique souvent desservi par un mixage surjouant la saturation à l'extrême (hormis les titres déjà cités, il peut être ajouté 'Friend Are Falling'). Jouer hard c'est bien, mais pas au détriment de l'amplitude...
Les Allemands réussissent leur pari audacieux de proposer un style peu commun et donc à mélanger l'inconciliable le temps d'un album dont les ingrédients se sépareront à la fin car manquant quelque peu de liant. A noter qu'un volume deux verra le jour dans l'année : le rendez-vous est pris.