Michael Landau fait partie de ces musiciens trop peu connus et pourtant jouissant d'une haute réputation dans le milieu de la musique. Autochtone californien parrainé par son ami Steve Lukather qui l’a introduit dans le monde des studios dès son plus jeune âge en tant que guitariste de session (plus de 700 participations!), Michael Landau a poursuivi une carrière marquée du sceau de ses influences rock, blues et jazz. Son parcours solo diversifié a débuté avec son premier enregistrement instrumental "Tales from the Bulge" en 1989 et s'est poursuivi jusqu'à sa collaboration réussie avec Robben Ford au sein de Renegade Creation dans les années 2010.
Jamais Michael Landau n'avait sorti d'album de chansons sous son propre nom. C'est chose faite avec "Rock Bottom" au titre évocateur du rock des origines, qui met à l'honneur les aspirations blues et rock de l'Américain. Et bien que son frère et complice au sein de Raging Honkies et Burning Water Teddy Landau tienne la basse dans ce disque, ne cherchez pas une abondance de puissance brute comme celle gravée dans les définitifs "Boner" et "We Are The Best Band". Seuls les courts 'Bad Friend' et 'We're Alright' sont à rapprocher de la fougue d’antan bien que déployant une énergie tempérée par l’esprit bluesy qui y règne.
Tout le disque est une démonstration de la sensibilité pudique et de la classe de Mike Landau dans les voix (‘One Tear Away’) et dans son jeu à travers ses phrasés délicats et ses soli gorgés de sensibilité (‘We All Feel The Same’, ‘We're Alright’, ‘One Tear Away’). Mike partage l'écriture avec David Frazee, son alter ego de Burning Water, et effectivement on retrouve la diversité et la subtilité des compositions d'un "Abbandonato" notamment dans l’expressivité mélodique de ‘Squirrels’ ou dans le zeppelinien et aride ‘Heaven In The Alley' qui surprend par ses refrains chantés en voix de tête et son développement original.
Il règne dans le reste de "Rock Bottom" une ambiance réconfortante installée par la chaleur des orgues et la mélancolie des tonalités blues, notamment dans les écrins de douceur ‘Getting Old’ et ‘We All Feel The Same’ dans lesquels le temps est comme suspendu. Moins présente que ses autres influences, le jazz transparaît ponctuellement grâce aux dissonances audacieuses du tortueux 'Speak Now, Make Your Peace' au splendide chorus final ainsi que dans le rhythm and blues ‘Freedom’ qui aurait pu devenir un standard s’il était sorti dans les années 60. L’enregistrement analogique des instruments s’avère un choix judicieux car il permet de conserver intacts l’esprit intuitif et les sonorités organiques des compositions.
Après des années au service d’une musique instrumentale exigeante, Mike Landau avait envie de composer des chansons directes vectrices d’émotions distillées avec simplicité. Les dix magnifiques moments de musique qui font "Rock Bottom" sont porteurs de la modestie des racines du rock et s’écoutent avec un plaisir à chaque fois plus grand. Mike Landau a mis beaucoup de lui-même dans ce disque : son authenticité, sa générosité et son élégance.