Nous n’allons pas jouer les faux-culs de service en affirmant le contraire car cela fait bien des années que plus grand monde ne s’intéresse aux Bulletboys. Depuis le succès de ses deux premiers albums, la formation de Marq Torien a sombré avec de nombreuses autres de la vague glam-hair metal renvoyée aux oubliettes par l’apparition du grunge. Changeant presque aussi souvent de style que de line-up, le chanteur-guitariste semblait le seul à vouloir croire en son groupe dont l’existence ne ressemblait qu’à une longue agonie. Et puis le miracle est arrivé avec la signature chez les Italiens de Frontiers pour un nouvel opus qui a tout de l’opération de la dernière chance.
Et le dénommé "From Out Of The Skies" ressemble à un miracle qui pourrait relancer la carrière du quatuor américain qui voit Anthony Biuso remplacer Joaquin Revuelta derrière la batterie. Un énième changement qui a son importance puisque le nouvel arrivant offre ici une prestation en tous points remarquables. Il suffit d’écouter ses performances sur le titre éponyme ou sur ‘Watcha Don’t’ pour vous en faire une idée plus précise. Mais c’est bien un beau travail d’équipe qui fait de cet opus une véritable résurrection lancée par une triplette imparable. Avec son riff tranchant, son accélération sur un refrain accrocheur et son excellent solo, ‘Apocalypto’ ouvre les hostilités avec un hard US à la fois groovy et puissant. Rappelant l’identité glam du groupe, le single ‘D-Evil’ ne baisse pas en intensité avec un certain Jesse Hughes (Eagles Of Death Metal) qui participe aux chœurs sur un nouveau refrain efficace et dans une ambiance aux effluves de neo-punk. Enfin, le titre éponyme se fait plus mélodique avec un accent US à la Aerosmith qui ne manque pas d’accroche.
Malheureusement, la suite se fait plus inégale pour faire de "From Out Of The Skies" un opus totalement incontournable. Avec quatre ballades dont deux acoustiques, l’intensité baisse sérieusement, ce qui n’enlève rien à la qualité de ces titres, en particulier ‘Once Upon A Time’ qui clôture l’album sur un mid-tempo Bon Jovien calibré pour cartonner sur les ondes FM nord-américaines. Pour le reste, si ‘Watcha Don’t’ confirme l’approche moderne du hard-rock des Bulletboys avec une grosse énergie et une efficacité sans faille, ‘P.R.A.B.’ et ‘Sucker Punch’ se révèlent assez déstabilisants. Le premier intègre de nombreux éléments funk et électro pour un résultat violent et fun à la fois où nous noterons le double hommage à Michael Jackson et à James Brown sur le final. Quant au second, il lorgne un peu trop vers les Red Hot Chili Peppers pour ne pas mettre en danger une cohérence déjà mise à mal par son prédécesseur.
Ces dernières réserves ne doivent cependant pas trop assombrir un ensemble rafraîchissant et énergisant qui devrait relancer le groupe américain sur de bons rails. Avec son hard rock à la fois moderne et varié, The Bulletboys offre une recette qui aura de quoi retenir l’attention des amateurs d’énergie et de mélodie pourvus d’un minimum de curiosité. Voici donc un retour gagnant qui attend une confirmation.