Kobaloi est une vague glaciale, une nouvelle poussée de sève, un afflux de testostérone qui rappelle les temps de l'adolescence et fait souffler un vent de révolte dans nos oreilles. La musique de l'opus, entre thrash et death, invoque les esprits taquins et malicieux (kobaloï) qui effrayent et trompent les mortels. Est-ce donc que le combo veut terroriser le public avec cette rondelle épaisse et terreuse ("For Nothing We Follow"), puis se démarquer des modes et des néons artificiels de l'industrie musicale ?
Déjà connu des services de police de Music Waves, Vincent Verroust qui officiait auparavant dans MadcapEye ou encore Senor Madcap (mais là, nous vous parlons d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître) est aujourd'hui entouré de forcenés de la cisaille et du riff. Cet aréopage propose une rondelle aux accents de modernité qui plonge ses racines dans l'héritage sulfureux et âpre des années quatre-vingts : Anthrax, Coroner, Testament et consorts.
Dès les premières salves de 'Wall of Flesh, Blood and Bone' à la production puissante et au son limpide, les vibrations dépouillées s'encastrent dans les murs, font vibrer le plafond, puis occupent chaque recoin de l'espace sonore. Le titre développe des harmonies qui titillent les oreilles, avec une guitare grasse qui écrase subtilement cette mise en place aérienne lorsqu'elle assène ses premiers coups de boutoir titanesques.
'Reverence of a Dying Liar' est une pièce assassine guidée par la hargne comme aux plus belles heures du thrash de notre adolescence. Néanmoins, même si l'introduction pouvait augurer du meilleur, nous sombrons rapidement dans des territoires familiers : doubles pédales acharnées, guitares aux riffs rapides et efficaces, voix entre intonations médium et cavernes brumeuses.
Peut-être pour apaiser la colère encore fumante de 'Endenial' et 'Aphonic Breed', dignes héritiers de Annihilator, 'Choleric' se développe sur des arpèges dépouillés et un tempo écrasant, alors que la voix s'émancipe d'un carcan stylistique. Cette composition qui fait froid dans le dos imprime une translation rectiligne uniforme vers un death proche d'Obituary. Enfin 'Khold Sin' débute par un tapping de basse digne de Watchtower, alors que la suite glisse encore plus irrésistiblement vers le death old school: rythme syncopé et lourd, cris infernaux ou éructations bestiales et riffs qui fusent de toutes parts.
"For Nothing We Follow" est un opus entre thrash nerveux et death poisseux et terreux, qui s’écoute avec beaucoup de plaisir sans toutefois révolutionner le genre. Mais même si les mélodies sont multiples et la mise en place au cordeau saupoudrée de beaucoup de technique, un supplément d'aventure inattendue en terre inconnue n'aurait pas été de trop.