Quasiment tous les accros de l’AOR se sont exprimés d’une même voix pour asséner l’an passé que les deux derniers opus de Last Autumn’s Dream, le groupe Suédois fêtant ses quatorze ans d’existence cette année, n’étaient pas particulièrement réussis. En effet, "Paintings" en 2016 n’avait pas fait preuve d’une imagination débordante et "In Disguise" l’année suivante ne fût qu’un album de reprises pas forcément inspirées.
Ainsi, beaucoup d’entre nous se sont demandés si la bande à Erlandsson, le frontman de la première époque, ne ferait pas mieux de cesser de vouloir sortir de manière forcenée un opus tous les ans depuis ses premiers pas. En effet, mis à part en 2012 et 2014, c’est bien le challenge qu’est parvenu à relever le combo suédois, performance qui, commençait-on à craindre, ne pouvait qu’aller de pair avec une baisse d’inspiration. C’est donc avec une certaine appréhension que nous avons posé nos oreilles fatiguées sur le nouveau produit de LAD, un "Fourteen" dont le nom peu recherché pouvait déjà inquiéter l’auditoire.
Après une traditionnelle intro qui ne sert à rien, il est indéniable que les premières effluves humées rassurent. En effet, 'Go !' a tout ce qu’il faut là où il faut. Le hard FM qui est ici balancé est à la fois punchy et porteur en mélodies dignes de l’arena rock d’antan. Mais le temps se gâte dès le morceau suivant avec 'Siren', un mid-tempo dont la tendance linéaire confère au génie. Les nuages, qui s’éloignent avec 'I Don’t Wanna Wait' et son côté catchy à la Bon Jovi, ne fuient toutefois pas notre horizon. La faute en incombe à la reprise qui suit (on comble les vides, Messieurs ?) du 'Shadow Of The Night' de Pat Benatar qui copie/colle allègrement l’original (c’est acquis, Messieurs, vous comblez les vides).
Il a été régulièrement reproché aux Suédois de nous la jouer trop fréquemment mollassonne du manche, alors parfois pointe chez eux l’énervement sur quelques titres. 'Turn It Up' et 'Get Them All' sont de ceux-là. Malheureusement, tels les bien connus vases communicants, le curseur nerveux grimpe concomitamment avec la baisse du curseur mélodieux. Et si le bien troussé 'Let The Curtain Fall' nous fait émerger quelques minutes la tête du seau, c’est pour mieux nous replonger dans l’objet avec un 'Wouldn't U Like' et un 'Walkin' Talkin' Miracle' péniblement mélodieux. C’est alors que le miracle (le vrai) se produit avec le second titre parfait de l’album, la ballade 'Love Again' qui clôt l’œuvre et pourfendrait sans ambages la cuirasse du plus die hard des thrasheurs.
Finalement, la recette est simple pour profiter synthétiquement de ce quatorzième opus de Last Autumn Dream. Il suffit de se jeter sur le premier et le dernier titre de l’album. Pour le reste il n’est question que de montagnes russes ne côtoyant que de bien peu élevés sommets pour mieux plonger vers le plancher des vaches.