Marmozets, mais qu'est-ce c'est que c'truc ! En lisant trop vite ce drôle de nom, on se dit que la bande à Casse-bonbons et la Binocle a monté un groupe. Quoi, les Razmoket sortent un album et il a été reçu par la rédaction ! Mais où va ce monde du marketing revival qui nous ressort aussi les Minikeums ? Et bientôt nous allons chroniquer l'album d'Alvin et les Chipmunks ?
Puis, on prend le temps de lire et au final on s'aperçoit que tout le monde s'est emballé trop vite. C'est bien de Marmozets dont il est question ici. Il s'agit en fait d'une bande de marmots dont l'aventure a commencé dès le lycée, une aventure entre frères et sœurs de différentes familles. Comme beaucoup de jeunes groupes, c'est sur scène que Marmozets va d'abord se créer une belle réputation avec des shows décomplexés et déjantés (un peu à l'image de ce qui se faisait dans la fin des années 70) afin de défendre plusieurs EPs sortis entre 2009 et 2014, année au cours de laquelle le quintet signa, pour son premier album, chez le renommé label Roadrunner qui l'accompagne depuis avec sa force de com' et son prestige.
Cette signature au sein de la compagnie dans laquelle se trouvent également Slipknot, Korn et The Winery Dogs pour ne citer qu'eux est un gage de confiance avec comme corollaire cette pression qui pèse sur les jeunes épaules des membres de Marmozets.
Les Anglais se sont imprégnés de tout ce qui a construit l'histoire du rock alternatif, à savoir un son brut, revendicatif, issu des bas-fonds et de l'underground des pubs londoniens, pour l'assimiler à un son moderne et contemporain. Rien de mieux que 'Play' pour illustrer cela avec ses riffs incisifs et une rythmique hypnotique auxquels s'adjoignent quelques notes électro bien senties. Par la suite 'Habits' revêt des atours plus punk et durcit le ton dans ses couplets, qu'un refrain lumineux viendra contrebalancer avec la voix très aiguë de Becca soulignée par des touches un peu new wave.
Cette voix est un instrument à part entière dans le travail de Marmozets : elle monte parfois extrêmement haut pour atteindre des notes perçantes ('Major System Error' au refrain addictif), voire de façon presque enfantine, notamment dans la ballade 'Insomnia'. Elle se fait aussi modulable, plus féminine et presque fragile dans la sublime 'Me & You', ballade toute en simplicité. Entre-temps, au gré des envies du groupe, l'auditeur aura été secoué par le refrain survitaminé de 'Not A Religion' ou par la frappe martiale de 'Like A Batterie' aux arrangements plus subtils qu'il n'y paraît. Il y a à l'écoute de ce "Knowing What You Know Now" une sorte de pont entre les moments rock issus de la fin des années 70 et les refrains plus contemporains et presque encore adolescents, parfois pleins de candeur ('Run With The Rhythm).
Au fil des écoutes les titres finissent par rentrer dans le crâne pour ne plus vous lâcher avec toute cette science so british de la note juste, de la bonne mélodie qui ne vient pas forcément tout de suite et surtout en raison du perpétuel jeu mutin de Becca. Au final ce nouvel album de Marmozets est à prendre au sérieux et marquera de son empreinte cette nouvelle année 2018. Un nom à retenir, pourvu qu'on le lise lentement.