Choisir le nom d'un fruit acide et piquant pour un groupe est une drôle d'idée. C'est pourtant celle qui a germé dans l'esprit de cette bande de jeunes d'Angoulême pour choisir Pineapple comme patronyme de leur formation née en 2014. Avec un frontman qui est le sosie de Tahiti Bob des Simpson et leur relative jeunesse, la question qui se pose alors est de savoir si la musique colle au patronyme du combo et si le fruit est mûr ?
Quelques indices parsemés visuellement permettent d'apporter un début de réponse tel cet ananas explosé sur la pochette de l'album et le nom de ce dernier, "Crazy", le tout en noir et blanc. Sur la forme, cet album comporte neuf titres dont la moitié dépassent les cinq minutes et donc propices à des développements intéressants pour du rock alternatif.
Il est temps alors de goûter à la chair de cet ananas. 'Crazy’ démarre sur les chapeaux de roues dans un style rock old school qui revêt des atours un peu post punk à la Joy Division voire à la Sex Pistol dans le refrain. Le morceau est limpide malgré sa durée, contenant un pont instrumental intéressant, chaloupé et rempli d'une dramaturgie désespérée qui sera accentuée sur 'Apocalyptic Mind-1' grâce à une très belle maîtrise guitaristique, notamment à partir de quatre minutes. Pineapple pioche dans ce qui ce qui se faisait de mieux dans le rock de la fin des années 70 avec quelques rappels à David Bowie dans 'What Is True‘ ou les riffs plus modernes de Franz Ferdinand dans 'Welcome'.
Malgré ses qualités, l'album n'est pas exempt de défauts au premier rang desquels un son beaucoup trop sourd qui ne rend pas justice aux compositions paraissant comme étouffées mais aussi quelques titres un peu trop brouillons dont un 'Break The Wall' vraiment répétitif et fatiguant et un radio edit de 'Crazy' en toute fin qui n'apporte pas grand-chose. Il faut reconnaître aussi que la voix d'Iskander manque encore un peu d'expérience et parfois de justesse (mais les punks chantaient-ils juste ?). Qu'importe, car les musiciens sont vraiment excellents dans l'exécution d'ensemble grâce notamment à une guitare incisive aux riffs vintage bien assimilés, notamment dans 'Sorry' où ils sont épileptiques.
Voilà un album bien foutu qui s'écoute avec plaisir malgré une baisse d'intensité vers la fin. Le groupe fait déjà preuve d'une belle maturité dans l'écriture et la mélodie notamment sur les titres plus longs. Avec un peu plus de temps et de bouteille, Pineapple semble promis à un avenir radieux.